Un appauvrissement des bactéries productrices de butyrate

La flore intestinale, un marqueur du diabète de type 2

Publié le 02/10/2012
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«Il s’agit d’une preuve de concept, explique le Pr Ehrlich. L’identification de cette dysbiose, par exemple à l’aide de bandelettes dans les fèces, permet de séparer les diabétiques des non diabétiques avec une précision de 80 %.Toutefois, je ne suis pas certain que diagnostiquer le DT2 par un examen du microbiote intestinal soit absolument nécessaire. En revanche, poursuit le chercheur, cela trouve un intérêt dans les anomalies où il faut un diagnostic invasif comme celui de la stéatose hépatique, par exemple. C’est un outil qui permettrait de détecter des anomalies à venir sur la base de perturbations de la communauté bactérienne intestinale ».

Pas de causalité, juste une association.

L’étude a été menée chez 365 individus d’origine chinoise. Les chercheurs ont comparé le métagénome de diabétiques de type 2 à celui de non diabétiques. « C’est un travail assez complexe, explique Pierre Renault associé au projet, chacun d’entre nous a une flore différente. Celui-ci s’est fait dans le cadre de recherche de pathogénicité des dysbioses c’est-à-dire le changement de composition de la flore intestinale qui fait que certaines bactéries disparaissent et d’autres, au contraire, apparaissent. Il ne faut donc pas parler de causalité mais d’association ». Les chercheurs ont identifié et validé environ 60 000 gènes marqueurs représentant des groupes de bactéries qui ont « bougé », associés au DT2.

Une translocation des bactéries intestinales vers le sang.

Le DT2 serait donc caractérisé par un certain degré de dysbiose intestinale, avec un appauvrissement des bactéries productives de butyrate et une augmentation de pathogènes opportunistes. « Les entérocytes ont besoin de butyrate pour bien vivre. Au cours du DT2, on observe une diminution des espèces bactériennes qui produisent le butyrate, la barrière intestinale en est affaiblie, ce qui entraîne une translocation des bactéries intestinales vers le sang et produit une réaction inflammatoire de l’organisme" explique le Pr Ehrlich. Le projet MetaHIT s’intéressent aussi aux maladies inflammatoires, la maladie de Crohn et la RCH, et à l’obésité.

Nature doi :10.1038/nature11450 ; *METAgenomics of the Human Intestinal Tract

Dr Anne Teyssédou-Mairé

Source : Le Quotidien du Médecin: 9167