Une étude américaine publiée présentée à Berlin (1) et publiée dans Diabetes Care (2) est venue relancer la controverse sur le lien entre décès et hypoglycémies sévères. Dans cette étude de cohorte, portant sur 1 000 diabétiques, les hypoglycémies sévères sont en effet associées à un triplement de la mortalité à 5 ans, indépendamment des comorbidités associées.
Au total, dans cette cohorte, 79 % des diabétiques souffraient de diabète de type 2 et 21 % de diabète de type 1. Parmi eux, plus de 60 % ont fait des hypoglycémies, 7,5 % des hypoglycémies sévères. À cinq ans de suivi, la mortalité totale au sein de cette cohorte est de 14 %. Or, globalement, les diabétiques ayant souffert d’une hypoglycémie sévère, c’est-à-dire d’un épisode d’hypoglycémie nécessitant une aide extérieure, ont une mortalité multipliée par 3,4 (RR = 3,4 [1,5-7,4], p = 0,005) par rapport à ceux qui n’ont pas fait d’hypoglycémie ou juste des hypoglycémies modérées. « Après avoir suivi nos patients 5 ans, nous avons démontré, pour la première fois, une association significative entre les épisodes d’hypoglycémie sévère rapportés par les patients et une mortalité accrue, et ce indépendamment des comorbidités » résume Rozalina McCoy (Mayo Clinic, USA).
Mais, si cet excès de décès rappelle ceux des études ACCORD et ADVANCE, cette cohorte, comme précédemment ces études, ne permet toujours pas de conclure quant au lien de causalité. Aucune évaluation précise des causes de la mort n’a été menée dans cette cohorte. Et, s’il apparaît que les causes de décès les plus fréquemment observées sont les maladies cardiovasculaires, les infections, les maladies cérébrovasculaires et l’insuffisance rénale terminale, toutes possiblement exacerbées par l’hypoglycémie, on manque de preuves tangibles de l’impact des hypoglycémies sévères sur la mortalité. En particulier, aucun décès n’a été strictement lié à un épisode hypoglycémique sévère. Bien que plusieurs pistes physiopathologiques aient été avancées, la question centrale reste donc entière. L’hypoglycémie sévère est-elle un marqueur ou un facteur causal de décès ? Le débat reste ouvert.
Néanmoins, en pratique clinique, cet essai souligne une nouvelle fois l’importance à accorder à ces épisodes d’hypoglycémies sévères. Et, partant de là, l’attention à porter au suivi et à l’adaptation du traitement, en particulier chez les patients les plus fragiles. Il vient aussi rappeler que les hypoglycémies sévères ne sont pas réservées aux seuls diabétiques de type 1… Loin de là.
(1) Helle SR et al. Hypoglycemia and mortality in diabetes. EASD Berlin, 3 octobre 2012
(2) McCoy RG et al. Increased mortality of patients with diabetes reporting severe hypoglycemia. Diabetes Care. 2012 Sep; 35:1897-901
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