« LE DIALOGUE NORD/SUD ne pourrait-il pas s’engager dans une relation plus humaine et plus solidaire au lieu de tourner autour des seuls chiffres des balances commerciales ? La réponse doit être assurément positive quand il s’agit d’améliorer la prise en charge d’une maladie chronique qui peut tuer à tout moment dans les pays fragilisés par la misère du sous-développement », estime le Pr Mohamed Belhadj, chef du service de médecine interne et de diabétologie de l’établissement hospitalo-universitaire (EHU) d’Oran et membre du conseil d’administration de la Société Francophone du Diabète (SFD), qui a remplacé l’ALFEDIAM.
Sur le terrain, dans les pays du sud, ce sont d’abord un certain nombre d’organisations non gouvernementales (ONG) qui mènent le combat contre la maladie. « On peut notamment citer l’action de l’ONG Diabète Mali, qui a développé tout un programme dont l’objectif est de réduire la morbi-mortalité liée au diabète », souligne le Pr Belhadj.
Mais le principal artisan du dialogue Nord/Sud dans le domaine de la diabétologie reste sans conteste la SFD « Cela fait longtemps que des ponts ont été établis entre des diabétologues des deux rives de la Méditerranée. Le congrès annuel de l’ALFEDIAM (SFD) a depuis des décennies réunies les diabétologues français, maghrébins et africains francophones. Plus récemment la création de la revue « Médecine des Maladies Métaboliques » a été saluée par tous les francophones car non seulement elle offre des articles d’actualité en langue française mais elle ouvre aussi ses colonnes à la diabétologie africaine. Par ailleurs de nombreux médecins, notamment maghrébins, sont allés se former dans des services universitaires en France », rappelle le Pr Belhadj, en soulignant le tournant qu’a constitué la création de la « commission francophonie » au sein de la SFD. « Cela a permis de mettre en place un certain nombre d’actions au Maghreb et dans l’Afrique francophone. La première réunion ALFEDIAM Afrique a par exemple eu lieu à Oran en 2009 et a permis de développer de premiers échanges en diabétologie hors métropole. La même année, le Pr Serge Halimi et moi-même avons participé à Bamako à la formation en diabétologie de médecins généralistes », relate le Pr Belhadj, en ajoutant que le 20 novembre prochain doit se tenir à Alger des Rencontres algéro-françaises dans le cadre du programme (non commercial) « changing diabetes » des laboratoires Novonordisk.
Un volet important de la coopération Nord/Sud porte bien sûr sur la formation des médecins ou du personnel paramédical. « La SFD paramédicale a entamé au cours de l’année 2010, en Algérie, la formation d’éducateurs grâce à ce programme "changing diabetes". En collaboration avec les compétences locales, nous avons aussi mis en place un DES et un DU de diabétologie au Mali et au Burkina Faso pour former des médecins généralistes grâce à des enseignants universitaires appartenant à la SFD. Souvent, on constate que ces actions débutent grâce à des volontés individuelles avant de s’atteler à des programmes institutionnels », souligne le Pr Belhadj, avant d’insister sur l’importance de donner une compétence en diabétologie à des médecins généralistes. « Dans un certain nombre de pays, notamment le Mali ou le Burkina Faso, il n’est pas possible de former un grand nombre de spécialistes. Il est donc fondamental que des médecins de premier recours soient en mesure de prendre en charge les patients diabétiques ».
Contrairement à certaines idées reçues, le diabète, en effet, n’est pas uniquement une maladie des pays riches. « Dans nos pays, le diabète monte en puissance à un rythme parfois plus rapide que dans les pays favorisés. Ce développement est d’abord lié à l’allongement de l’espérance de vie. Aujourd’hui, les maladies infectieuses sont de mieux en mieux combattues et, peu à peu, ce sont les maladies chroniques qui ont pris le relais dans un certain nombre de pays », indique le Pr Belhadj, en ajoutant que le développement du diabète est aussi favorisé par l’accroissement de la sédentarité. « Au cours des dernières années, on a assisté à un large développement des transports en commun. La conséquence est que la population marche moins alors que dans le même temps, elle a de plus en plus tendance à manger un peu n’importe quoi », De plus, dans les pays en voie de développement, la plupart des diabétiques sont âgés de 45 à 64 ans alors que dans les pays développés, la majorité a plus de 65 ans. Ce décalage par rapport à l’âge de survenue affecte la population active et majore le coût indirect de la maladie souligne le Pr Belhadj.
Celui-ci reconnaît que la qualité des soins reste variable. « Dans un certain nombre de pays, en particulier au Maghreb, on est relativement proche des standards de prise en charge européens. En revanche, dans d’autres pays, la situation est toujours problématique. Dans certaines zones d’Afrique, l’espérance de vie d’un enfant atteint de diabète de type 1 ne dépasse pas quatre ou cinq ans », constate le Pr Belhadj.
D’après un entretien avec le Pr Mohamed Belhadj, chef du service de médecine interne et de diabétologie de l’établissement hospitalo-universitaire d’Oran et membre du conseil d’administration de la Société francophone du diabète (SFD), qui a remplacé l’ALFEDIAM.
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