LE DIABÈTE de type 1 est conséquence d’une destruction des cellules bêta des îlots de Langerhans à la suite d’un processus auto-immun. Cette destruction provoque une carence absolue en insuline. Dans ce cas, le traitement idéal du diabète fait appel à une méthode permettant une libération d’insuline ajustée à chaque instant au niveau de la glycémie.
Des efforts de recherche portent sur la mesure du glucose en continu, qui ouvre la voir à l’insulinothérapie en boucle fermée, qui n’en est encore qu’au stade expérimental en milieu hospitalier très spécialisé. Une autre approche, bien sûr, est la transplantation de pancréas entier ou d’îlots de Langerhans. Ce type d’approche se heurte à des difficultés majeures, comme le rejet des tissus transplantés, la récidive du processus auto-immun à l’origine de la maladie, la biocompatibilité des tissus transplantés et leur approvisionnement, difficile.
Une autre solution est donc celle de tissus de substitution produits, par exemple, à partir de cellules Es ou par transdifférentiation, envisagée, entre autres, par P.L. Herrera et coll. qui ont exploré le concept de reprogrammation cellulaire. Celui-ci est encore de l’ordre de la recherche fondamentale.
Des cellules bêta humaines en culture.
Une autre piste, très innovante, a consisté à chercher à produire des lignées de cellules bêta qui pourraient être utilisées afin de faire progresser la recherche en biologie, mais aussi faciliter la mise au point de nouveaux médicaments. Elles pourraient ouvrir une nouvelle piste dans le traitement du diabète grâce à la thérapie cellulaire*. Ce processus a « enfin » permis d’obtenir « des cellules bêta humaines en culture », pour reprendre l’expression employée par Gordon C. Weir et Susan Bonner-Weir (Boston, Massachusetts) dans l’éditorial qui accompagne la publication de ce travail*.
P. Ravassard et coll., de l’équipe du Pr Paul Czernichow, ont réussi à produire des cellules bêta humaines grâce à une collaboration entre une société de biotechnologie Biotec (Endocells), l’INSERM (équipe du Dr Scharfmann, Hôpital Necker) et le CNRS (équipe du Pr J. Mallet, Institut du Cerveau et de la Moelle, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière). Ils ont choisi d’utiliser un fragment de pancréas fœtal humain dont les cellules ont été transduites avec un vecteur lentiviral exprimant des gènes immortalisants sous le contrôle du promoteur de l’insuline. Le tissu ainsi transduit a été secondairement transplanté sous la capsule rénale d’une souris immunodéficiente, ce qui a induit la différenciation du pancréas et l’amplification des cellules insulinosécrétrices.
Des lignées stables.
Après plusieurs mois, la tumeur formée a été retirée et dissociée. Les cellules générées ont été amplifiées en culture et des lignées stables ont ainsi été obtenues. Elles ont des caractéristiques moléculaires et fonctionnelles proches de celles des cellules bêta adultes normales. En particulier, elles sécrètent de l’insuline en réponse à une charge en glucose. Avant d’être utilisables en thérapeutique humaine, les cellules en culture doivent encore être débarrassées de leurs transgènes immortalisants et faire l’objet d’essais sur l’animal (prévus d’ici 3 ans), mais être aussi encapsulées.
Les applications prévues ne concernent pas que la thérapie cellulaire du diabète de type 1 et du diabète de type 2 insulinorequérant chez des patients sélectionnés. Les cellules produites par l’équipe du Pr Czernichow peuvent, par exemple, être employées pour le développement préclinique de molécules antidiabétiques ainsi que dans l’évaluation de la réponse insulinique aux édulcorants de synthèse.
D’après un entretien avec le Pr Paul CZernichow (hôpital Necker, Paris, et Endocells).
* Ravassard P, et coll. J Clin Invest 2011 ; 121 (9) : 3589-97 et 3395-7 (éditorial).
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