DT2 du sujet âgé : un surrisque infectieux pour les cibles d’HbA1c trop laxistes ?

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Publié le 09/12/2024
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Les patients âgés avec un diabète de type 2 (DT2) qui atteignent des niveaux de contrôle glycémique « assouplis », préconisés dans les recommandations, ne présentent pas de risque significativement accru d’hospitalisation pour la plupart des infections, cependant une HbA1c comprise entre 8 et 9 % est associée à un risque accru d’hospitalisation pour des infections de la peau, des tissus mous et des os.

Cette étude de cohorte rétrospective incluait des adultes âgés de 65 ans et plus, atteints de diabète de type 2 issus d’une base de données de soins de santé (1). Des modèles binomiaux négatifs ont été utilisés pour estimer les taux d’incidence, et le risque relatif (RR) d’hospitalisation pour infection (respiratoires, génito-urinaires, cutanées, des tissus mous et des os, et septicémie), en comparant deux niveaux de contrôle glycémique « relâché » (HbA1c [7 - < 8] %, ou de [8 - < 9] %) avec un contrôle glycémique « intensif » (HbA1c de [6 - < 7] %), de janvier 2019 au fin février 2020.

Parmi 103 242 patients âgés (48,5 % avec HbA1c [6 - < 7] % ; 35,3 % avec HbA1c [7 - < 8] % ; 16,1 % avec HbA1c [8 - < 9] %), le taux d’hospitalisation pour infections était de 51,3 pour 1 000 personnes-années.

Comparé à une HbA1c de [6 - < 7] %, le risque non ajusté d’hospitalisation pour infections était significativement plus élevé chez les patients ayant une HbA1c de [8 - < 9] % (RR = 1,25 ; IC95 [1,13, 1,39]) mais pas chez les patients ayant une HbA1c de [7 - < 8] % (RR = 0,99 ; IC95 [0,91, 1,08]), une différence devenue non significative après ajustement. Dans toutes les catégories d’infections, le risque relatif ajusté d’hospitalisation était significativement plus élevé chez les patients ayant une HbA1c de [8 - < 9] % mais uniquement pour les infections de la peau, des tissus mous et des os (RR = 1,33 ; IC95 [1,05, 1,69]).

Une attention aux plus fragiles

La plupart des recommandations proposent un contrôle glycémique moins strict, un peu relâché pour les sujets âgés diabétiques de type 2 ayant plusieurs comorbidités, une mauvaise santé ou une espérance de vie limitée, afin de minimiser le risque d’hypoglycémie et de réduire le fardeau du traitement. Les résultats de l’étude sont rassurants quant à la sécurité globale du contrôle glycémique relâché chez les adultes âgés atteints de diabète de type 2, bien que des précautions supplémentaires soient nécessaires pour les infections de la peau, des tissus mous et des os chez ceux avec un HbA1c comprise entre 8 et 9%.

Il s’agit en somme, d’une forme de rappel aux responsables des recommandations, au moins pour assurer plus de rigueur dans la surveillance des patients diabétiques de type 2 étiquetés fragiles ou malades.

(1) Kasia J. Lipska et al. Diabetes Care 2024; dc241612

Pr Serge Halimi, Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes

Source : lequotidiendumedecin.fr