Après une forte croissance de l’incidence du diabète de type 1 (DT1) en Suède dans les vingt dernières années du XXe siècle — la plus forte dans le monde après la Finlande —, cette incidence a cessé de croître, pour rester en plateau dans les vingt premières années du XXIe siècle. Dans cette décennie, un nombre croissant de la population suédoise a été d’origine étrangère (née hors du pays), passant de 11,3 à 19,6 % de la population générale.
Est-ce cette différence d’origine géographique (apport de population non Scandinave) expliquerait ce ralentissement de l’incidence du diabète en Suède ? Le registre national suédois du diabète infantile, une base de 23 143 cas incidents de DT1 apparus dans l’enfance (avant l’âge de 15 ans) entre 1978 et 2019, a été consulté pour répondre à cette question (1). Plusieurs modèles ont été appliqués pour analyser les effets de l’âge d’apparition, du sexe, des tendances temporelles, du pays de naissance des parents et des effets d’interaction entre ces facteurs.
Résultats, le ralentissement de l’augmentation d’incidence semble se maintenir sur la période 2005-2019. Lorsque l’on compare l’incidence du DT1 pour l’ensemble des enfants en Suède avec celle des enfants dont les deux parents sont nés en Suède, les tendances sont parallèles, mais à un niveau plus élevé pour ces derniers. Une comparaison des tendances de l’incidence entre les personnes d’origine suédoise (trait de diabète élevé) et les personnes d’origine asiatique (trait de diabète faible) a montré que la sous-population asiatique avait une augmentation stable de l’incidence au fil du temps. Conclusions, en Suède, au cours des deux dernières décennies, l’incidence du DT1 de l’enfant est à un niveau stable (surtout pour les [0-4] et [5-9] ans), quoiqu’encore élevé. L’augmentation de l’immigration en provenance de pays où l’incidence du diabète de type 1 infantile est plus faible ne peut expliquer à elle seule la stabilisation observée.
On retiendra aussi que l’incidence de DT1 chez les enfants issus de deux parents suédois est le double de celle d’enfants nés de parents dits asiatiques : entre 40 et 50 vs. 22 cas/100 000/an. On est cependant frappés par la forte croissance de l’incidence chez ces derniers dans les vingt dernières années, passée de 10 à 22 cas/100 000/an. Si la génétique explique tout de même une différence persistante d’incidence, des facteurs environnementaux jouent indéniablement un rôle dans cet accroissement récent dans ces populations ayant migré vers l’occident : mode vie, alimentation, croissance staturale plus précoce. Le ralentissement de progression de l’obésité des enfants nés en Suède et de l’IMC de leurs mères, a pu jouer un rôle en sens inverse. Mais la forte immigration (1/5 des Suédois sont nés en dehors du pays) n’explique pas ce plateau d’incidence.
Professeur Emérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Waernbaum I, Lind T, Möllsten A, Dahlquist G. The incidence of childhood- onset type 1 diabetes, time trends and association with the population composition in Sweden: a 40 year follow-up. Diabetologia. 2022 Oct 20. doi: 10.1007/s00125-022-05816-0
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024