LES ÉTUDES épidémiologiques montrent que les noirs américains et les hispano-américains ayant un diabète de type 2 ont des niveaux d’HbA1c plus élevés que les sujets de race blanche. Ces différences seraient dues à des facteurs socio-économiques, des disparités dans l’accès aux soins et/ou des différences biologiques.
L’étude ACCORD avait pour objectif de comparer l’effet d’un traitement intensif (HbA1c < 6 %) à celui d’un traitement standard (HbA1c < 7-7,9 %) sur les événements cardio-vasculaires chez des patients diabétiques de type 2.
Une analyse post-hoc (1) a évalué si cette stratégie réduisait de la même façon l’HbA1c dans les populations de sujets de race blanche (W), de noirs américains (AA) et d’hispaniques (H).
Sur les 10 251 participants à cette étude, 6 393 étaient de race blanche, 1 953 de race noire et 737 d’origine hispanique. Les taux d’HbA1c de départ étaient plus élevés chez les hispaniques et les noirs américains (8,5 %) que chez les patients de race blanche (8,2 %). Dans le bras traitement intensif, 81 % des blancs ont atteint l’objectif d’HbA1c < 6,5 % contre seulement 68 % des noirs et 70 % des hispaniques. Dans le bras traitement standard, ces pourcentages étaient de, respectivement, 96 % (W), 91 % (AA) et 90 % (H) pour un objectif d’HbA1c < 7,9 %.
Le taux moyen d’HbA1c à 12 mois était plus élevé dans les groupes AA et H que dans le groupe W (7,8 %, 7,8 % vs 7,6 % pour le traitement standard et 6,8 %, 6,7 % vs 6,5 % pour le traitement intensif).
Ainsi, avec un accès aux soins similaires et un même traitement intensif par insuline et antidiabétiques oraux, il est possible de prendre en charge de façon satisfaisante des populations défavorisées qui peuvent alors atteindre les objectifs fixés d’HbA1c, même s’il existe toujours un déséquilibre entre les sujets de race blanche et les sujets de race noire ou d’origine hispanique. L’étude ne permet cependant pas de dire si ces différences sont dues à des facteurs culturels, biologiques ou les deux.
En relation avec le niveau d’éducation.
L’objectif principal de la Diabetes Study of Northern California (DISTANCE) était d’identifier les facteurs potentiellement modifiables ayant une influence sur les liens entre les facteurs sociaux, le niveau d’éducation ou l’origine ethnique, en particulier, et les complications liées au diabète (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, insuffisance rénale, amputation…). La cohorte de l’étude a été constituée à partir d’une population importante, bien caractérisée avec une couverture de santé uniforme (Kaiser Permanente).
De nouveaux résultats issus de cette cohorte de 64 419 patients suivis pendant 10 ans ont été présentés à Stockholm (2). Ils montrent que contrairement à l’idée communément admise, il n’y a pas de race ou de groupe ethnique qui présente un risque plus élevé (ou plus bas) d’avoir des complications du diabète. Tous les groupes (blancs, asiatiques, africains…) sont touchés par les complications. En revanche, un bas niveau d’éducation est constamment associé à un risque de morbimortalité supérieur, indépendamment de la race ou de l’origine ethnique.
Des populations à haut risque.
Enfin, une étude canadienne (3) menée sur un très grand nombre de sujets (près de 60 000) de race blanche, de race noire, d’Asie du Sud et de Chine, non diabétiques, suivis pendant plusieurs années (12 ans), a examiné l’incidence de l’apparition du diabète de type 2 en fonction de ces différences ethniques. Les résultats montrent que l’incidence du diabète est plus élevée dans les populations sud-asiatique, chinoise et noire que dans la population blanche. Le diabète apparaît beaucoup plus tôt : 9 ans plus tôt chez les Asiatiques et 3 ans chez les Chinois que chez les blancs. Par ailleurs, la définition courante de l’obésité, IMC ≥ 30, facteur de risque de diabète dans la population blanche, n’est pas adaptée aux autres ethnies pour lesquelles le seuil est beaucoup plus bas (IMC ≥ 23 pour les Asiatiques, 25 pour les Chinois et 26 pour les noirs). Cette notion est importante pour mettre en place des programmes de prévention spécifique pour réduire le risque d’apparition du diabète dans ces populations à haut risque.
(1) Calles-Escandon J, et al. Diabetologia 2010;53 suppl S19:31.
(2) Karter A, et al. Diabetologia 2010;53 suppl S19:33.
(4)Chiu M, et al. Diabetologia 2010;53 suppl S 147:350.
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