ON S’EN SOUVIENT : le 10 décembre dernier, l’AFSSAPS communiquait les premiers résultats d’une étude non publiée, l’étude SAGhE (Santé Adulte Gh Enfant) dont l’objectif était d’évaluer l’état de santé des adultes traités dans l’enfance par hormone de croissance synthétique. Cette étude montrait une surmortalité notamment chez les sujets ayant reçu des doses supérieures à celles de l’AMM.
Dans ce contexte, Alain Chantepie, président de la Société française de pédiatrie (SFP), Régis Coutant, président de la Société française d’endocrinologie et diabétologie pédiatrique (SFEDP) et Jean-Claude Carel, coordinateur de l’étude SAGhE, signent un communiqué dans lequel ils analysent ces résultats et émettent des recommandations.
« Les résultats disponibles, indiquent-ils, concernent l’analyse de la mortalité d’une population de 7 000 adultes traités par hormone de croissance dans l’enfance en France entre 1985 et 1996. Dans cette population, 93 décès ont été observés, chiffre à comparer à un nombre attendu théorique de 70 décès dans une population générale de même âge et de même sexe. » Les causes externes (accidents et suicides) constituent la principale cause de décès comme attendu dans la tranche d’âge concernée. Il n’y a pas d’augmentation de la mortalité globale par cancer, tous cancers confondus. En revanche, la mortalité par hémorragies cérébro-méningées (4 observées pour 0,6 attendu) et par tumeurs osseuses (3 pour 0,6 attendus) est augmentée.
« L’interprétation des résultats est délicate et l’étude ne permet pas de déterminer si le traitement par hormone de croissance est impliqué dans la surmortalité observée. Le rôle d’autres facteurs dont la maladie ayant justifié le traitement peuvent être discutés », soulignent-ils.
L’Agence européenne du médicament a entrepris une revue générale de la sécurité des traitements par hormone de croissance ; les résultats seront rendus publics en 2011.
Actuellement, selon les données de l’assurance maladie, environ 10 000 sujets de moins de 18 ans reçoivent un traitement par hormone de croissance.
La SFP et la SFEDP considèrent « comme l’Agence européenne du médicament, qu’il n’y a pas lieu de suspendre les traitements en cours ou de renoncer aux traitements en cours d’initiation ».
Recommandations
La SFP et la SFEDP font les recommandations suivantes :
- respecter les indications et les règles de prescription des AMM de l’Agence européenne du médicament et notamment les doses recommandées;
- tenir compte des taux sanguins d’IGF1 pour adapter les doses d’hormone de croissance;
- expliquer aux enfants et aux parents en cours de traitement par hormone de croissance l’interprétation actuelle des résultats de l’étude SAGhE;
- réévaluer à chaque consultation la dose, l’efficacité et la tolérance des traitements par hormone de croissance;
- exercer une surveillance clinique (en particulier de la pression artérielle) régulière et prolongée des patients en cours de traitement ou antérieurement traités;
- conseiller aux adultes ayant reçu un traitement par hormone de croissance dans l’enfance de consulter leur médecin traitant pour un examen de santé comportant une prise de pression artérielle.
« L’étude SAGhE montre l’importance du suivi à long terme des patients ayant reçu un traitement prolongé dans l’enfance. À une période où de nombreuses questions sont posées sur l’utilité et les dangers des médicaments, la Société française de pédiatrie souhaite vivement développer, avec l’aide des organismes publics, des études visant à évaluer ces questions dans le domaine de la pédiatrie. »
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