Ulcère du pied diabétique

Des progrès techniques mais un manque d’informations

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Publié le 09/02/2017

Le consensus international de l’International Working Group on The Diabetic Food de 2015 considère que le traitement de référence de l'ulcère du pied diabétique (UPD) est un dispositif de décharge non amovible remontant au genou, que ce soit en préventif ou en curatif. « Des résultats d’études parues plus récemment confirment que les plâtres non amovibles de décharge sont plus efficaces pour la cicatrisation des UPD que les plâtres amovibles ou les pansements seuls », explique la Dr Christine Faure, pharmacienne, CHU de Montpellier.

Ces dernières années se sont développées de nouvelles technologies. On dispose ainsi de nouvelles bottes dont le profil biomécanique est meilleur et qui présentent la particularité de pouvoir être amovibles ou non. Pour améliorer la surveillance et la compliance, il existe maintenant des « chaussettes connectées » détectant soit les modifications de pression, soit celles de la chaleur. Il est aussi possible de contrôler le port de la décharge ou de la compression via un lecteur sans fil qui reçoit les informations d’un capteur.

Le pied diabétique, cet inconnu

Les lésions du pied diabétique sont susceptibles de s’aggraver rapidement en l’absence d’une prise en charge rapide. Or une étude européenne, présentée par le Dr Jacques Martini (Toulouse), montre que le délai de prise en charge est trop important entre l’apparition de la plaie et le diagnostic, de plus d’un mois dans 20 % des cas, de même qu’entre le diagnostic et l’envoi vers une structure spécialisée dans 11 à 22 % des cas. Pourtant plus de 90 % des médecins considèrent comme indispensable le recours à une équipe multidisciplinaire. On estime que la moitié des patients n’a pas conscience de la gravité de leurs plaies ; ainsi 40 % des UPD sont découverts de façon fortuite, alors que 12 à 20 % sont déjà profonds avec une atteinte tendineuse, articulaire, ou osseuse et que l’infection est présente dans la moitié des cas.

Une autre étude européenne s’est intéressée à la perception des patients consultant en centre spécialisé pour une nouvelle lésion du pied. « Les participants semblent sous-estimer leur sévérité », déplore le Dr Julien Vouillarmet (Lyon). En effet, la lésion était présente chez près de la moitié des patients depuis 1 à 6 mois, depuis plus de 6 mois chez 23 % ; un tiers a mis entre 1 et 6 mois et 14 % plus de 6 mois pour en parler à un professionnel de santé. Pourquoi ? La moitié des personnes pensent que le problème est minime (alors que plus de la moitié a un UPD ischémique, plus de la moitié un UPD surinfecté et 30 % un UPD ischémique et infecté), 27 % déclarent ne jamais bénéficier d’un examen des pieds par leur médecin traitant et 29 % disent ne pas avoir été informés des risques.

D’après les communications des Journées Cicatrisations 2017

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : lequotidiendumedecin.fr