Si l'on parvenait déjà à fabriquer en laboratoire des versions miniatures d'organes comme l'intestin, le tissu adipeux faisait encore de la résistance. Les chercheurs se heurtaient en effet à une difficulté majeure : l'impossibilité de reproduire in vitro son organisation tridimensionnelle complexe désservie par une vascularisation très dense.
Les chercheurs de l'équipe « Biologie des cellules-souches mésenchymateuses et des cellules-souches mésenchymateuses issues du tissu adipeux » (laboratoire STROMALab, à Toulouse) sont parvenus à franchir cet obstacle détaillent leur méthodologie dans un article publié dans « Scientific Reports ».
Les organoïdes sphériques d'adipocytes blancs disponibles dans leur laboratoire pourraient être un outil décisif, non seulement en recherche fondamentale, mais aussi pour sélectionner des molécules utiles dans le traitement des pathologies associées à l'obésité.
Indispensable réseau vasculaire
Plusieurs équipes ont, dans le passé, cultivé des adipocytes en laboratoire, mais aucun n'était parvenu à recréer le réseau vasculaire environnant. « Le réseau vasculaire est intimement lié à la fonctionnalité du tissu adipeux », explique le Dr Fréderic Deschaseaux (établissement français du sang) qui a codirigé l'étude avec le Dr Isabelle Ader (INSERM). La vascularisation joue, par exemple, un rôle prépondérant dans l'homéostasie et dans la transformation de la graisse blanche en graisse brune.
Une partie de la solution de l'équipe du STROMALab a consisté à recourir - à partir d'un tissu adipeux mature prélevé chez un adulte – à des cellules endogènes : cellules progénitrices d'adipocytes, cellules endothéliales et cellules périvasculaires. Ces dernières promouvoient l'angiogenèse et assurent le caractère fonctionnel des vaisseaux sanguins. Cet ensemble garantit une maturation plus complète des adipocytes obtenus dans le laboratoire toulousain.
Les chercheurs sont ensuite parvenus à déterminer le « cocktail idéal » de molécules à même de stimuler la transformation des cellules progénitrices d'adipocytes en adipocytes matures, tout en autorisant la survie des cellules endothéliales. La forme sphérique des organoïdes est quant à elle obtenue à l'aide de techniques de culture en 3 dimensions.
Le caractère fonctionnel du réseau vasculaire a été vérifié en greffant les organoïdes sous la peau de souris. « C'est tellement fonctionnel qu'on a observé la formation de réseaux endothéliaux chimériques souris/humain », observe le Dr Deschaseaux.
Un organe encore bien mystérieux
Pourquoi les chercheurs toulousains se sont-ils donné un tel mal ? Tout simplement parce que le tissu adipeux n'a encore livré tous les secrets ! « Nous ne savons pas comment les cellules interagissent entre elles au cours de l'adipogenèse cite en exemple Isabelle Ader. Les composantes cellulaires et moléculaires des tissus adipeux sont également des acteurs centraux, mais mal connus, dans le vieillissement des individus. »
D'un point de vue plus pratique, ces adipocytes constituent un bon modèle pour expérimenter des molécules destinées au traitement des pathologies associées à l'obésité, et notamment le diabète. « Nous allons cibler les profils particuliers : les patients trop fragiles pour les traitements actuels ou les patients diabétiques jeunes pour lesquels il existe encore peu d'options thérapeutiques efficaces », prévoit le Dr Deschaseaux.
Un autre champ d'application et la recherche de médicaments capables de favoriser la transformation de la graisse blanche en graisse brune. « Ce modèle d'étude n'est pas encore parfait, prévient cependant Isabelle Ader. Il manque la composante du système nerveux. Nous avons encore du travail », prédit-elle.
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