Le fait que l’hCG ait une parenté structurale avec la TSH et puisse se fixer sur le récepteur de la TSH pour y exercer une activité à la fois fonctionnelle (stimulation de la synthèse et de la sécrétion des hormones thyroïdiennes), mais aussi trophique (effet goitrigène, et donc tumorigène) a longtemps incité à une extrême prudence avant d’autoriser une grossesse chez une patiente aux antécédents récents de cancer différencié de la thyroïde. Or le bon pronostic global de ces cancers et les possibilités d’un suivi rapproché ont fait réviser ce jugement trop drastique.
Pas d’influence sur le pronostic
Une étude récente vient apporter de l’eau au moulin des partisans de la dédramatisation dans cette situation. En effet, une étude rétrospective de 235 grossesses, menées à terme entre 1997 et 2015, chez des patientes suivies pour un cancer différencié de la thyroïde (1), est rassurante quant à l’impact d’une grossesse sur la néoplasie thyroïdienne. Il n’y a notamment pas d’effet « coup de fouet », et la plupart des patientes se retrouvent dans le même groupe pronostique après la grossesse qu’avant. Une récidive, ou une progression n’est observée que dans 5 % des cas. Ces observations faisaient toutes parties du contingent de patientes présentant une maladie résiduelle préconceptionnelle. Seule 1 des 10 patientes atteintes de métastases pulmonaires, a subi une évolutivité de ses lésions secondaires au cours de la grossesse. La thyroglobulinémie, marqueur du cancer de la thyroïde, était en moyenne la même au moment de l’accouchement qu’avant la grossesse, pour l’ensemble de la population (3,8 +/– 27 ng/ml avant vs 3,7 +/– 15 ng/ml après). Si seulement 12 % (28/235) des gestantes présentaient une majoration significative de leur thyroglobuline, seulement 4 patientes ont vu une progression de leur résidu tumoral déjà connu dont deux seulement ont nécessité une prise en charge chirurgicale.
En définitive, il paraît opportun de dédramatiser la période gestationnelle des jeunes femmes suivies pour un cancer thyroïdien différencié. Si une surveillance est légitime et même souhaitable en cas de maladie résiduelle, il incombe au clinicien, non seulement de ne pas décourager les désirs de grossesse dont pourraient légitimement faire part ces jeunes patientes, mais également de participer à l’ambiance sereine requise pour cette merveilleuse période.
(1) Rakhlin Luba , Fish Stephanie, and Michael R. TuttleResponse to Therapy Status Is an Excellent Predictor of Pregnancy-Associated Structural Disease Progression in Patients Previously Treated for Differentiated Thyroid Cancer. THYROID 2017;27: 396-402
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024