Que reste-t-il des bénéfices de la chirurgie bariatrique à long terme ? Un an après le tournant marqué par l'étude de référence SOS (Swedish Obesity Study) pour plusieurs techniques de chirurgie bariatrique (anneau gastrique, bypass et sleeve gastrectomie), une grande étude américaine chez 1 156 sujets obèses confirme les bénéfices métaboliques à long terme précédemment observés au bypass gastrique.
Ce bilan à 12 ans, publié dans le « New England Journal of Medicine », fait état d'un bon maintien de la perte de poids (- 35 kg) à 12 ans, mais aussi d'une rémission persistante du diabète de type 2 dans 50 % des cas, un résultat encore meilleur que dans l'étude SOS (36 %).
L'incidence du diabète, de l'hypertension artérielle et de troubles lipidiques était significativement moins importante dans le groupe opéré d'un bypass (n = 418) que dans les deux groupes sans bypass, le groupe 1 étant désireux d'une intervention sans avoir pu le faire, principalement en raison d'une couverture santé insuffisante (n = 417), le groupe 2 n'ayant pas cherché la chirurgie (n = 321).
Des effets très positifs sur le diabète
L'étude américaine coordonnée par Ted D. Adams de l'Intermountain Live Well Center à Salt Lake City fait date aux côtés de l'étude suédoise, car s'il existe de nombreuses études à court terme concluant à la rémission du diabète après chirurgie bariatrique, il n'en est pas de même à plus de 5 ans. L'étude SOS est la première à avoir apporté en 2016 des données à plus de 10 ans avec ses résultats à 15 ans.
Ces résultats font écho à des avancées sur la compréhension des mécanismes entraînant une amélioration de la glycémie après bypass gastrique, au-delà de la perte de poids. Selon les travaux français publiés en 2016 (voir le « Quotidien » n° 9544), le sodium endogène, excrété dans la bile et les secrétions digestives, assure la majorité de l'absorption physiologique du glucose par l'intestin. Ce qui pourrait expliquer la meilleure efficacité des interventions réduisant le plus la longueur d'intestin fonctionnel.
Dans l'étude américaine, l'amaigrissement dans le groupe opéré a persisté au fil des années, passant de - 45 kg à 2 ans, à - 36,3 kg à 6 ans puis - 35,0 kg à 12 ans. Par comparaison, à 12 ans, la perte de poids était de - 2,9 kg dans le groupe 1 et nulle dans le groupe 2.
De la même façon, dans le groupe opéré, la rémission du diabète de type 2 concernait 75 % des patients diabétiques à l'inclusion (n = 66/88) à 2 ans, puis 62 % (n = 54/87) à 6 ans et enfin 51 % (n = 43/84) à 12 ans. « La rémission du diabète de type 2 était plus probable si le bypass gastrique Roux-en-Y était réalisé avant la mise en route d'une insulinothérapie », font remarquer les auteurs.
Mieux prévenir certains risques liés à la chirurgie
Par rapport à l'étude suédoise, l'étude américaine, qui s'est focalisée au bypass gastrique, apporte les données les plus solides pour la technique, ce qui pourrait expliquer les différences observées sur la rémission du diabète. L'étude SOS a inclus des sujets opérés d'un bypass plus tard dans son recrutement, totalisant 265 patients opérés soit 13,2 % de l'ensemble du groupe opéré. Néanmoins, la variation de poids était comparable dans les deux études, de - 25 % à 10 ans chez les 34 patients du groupe bypass dans l'étude SOS et de - 26,9 % à 12 ans chez les 387 patients opérés dans l'étude américaine.
La chirurgie bariatrique n'est pas sans risque, s'inquiètent néanmoins les auteurs à propos du risque de suicide. « Les décès par suicide sont survenus uniquement chez les patients du groupe opéré ou parmi les patients du groupe 1 non chirurgical », écrivent-ils. Leur étude confirme l'association entre suicide et chirurgie bariatrique mise en évidence dans une revue sur 28 études, précisent-ils.
Plusieurs facteurs de risque ont été proposés : âge < 35 ans, changements hormonaux, co-morbidités, dépression préexistante ou autres troubles de l'humeur, faible amélioration de la qualité de vie, mauvaise image corporelle, antécédent de maltraitance dans l'enfance.
« Il y a un besoin pressant et non satisfait de mieux prédire et prévenir cette complication peu fréquente mais très grave de la chirurgie bariatrique », concluent-ils. Ce n'est pas le seul écueil de la chirurgie bariatrique, notamment existe un risque de carences en vitamines et en minéraux (fer, vitamine B12, acide folique, mais aussi cuivre, vitamine A, sélénium) comme le souligne une étude publiée dans « JAMA surgery ». Pour ces chirurgiens de Palo Alto et de Stanford, « le suivi à long terme devrait faire partie intégrante des programmes de chirurgie bariatrique ».
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