Une abondance de Akkermansia muciniphila et à une bonne diversité du microbiote sont associées à un meilleur métabolisme des glucides chez les personnes obèses, selon une étude française publiée dans « Gut ». Pour parvenir à cette conclusion, le Dr Maria Carlota Dao et ses collègues de l’institut de cardiométabolisme et nutrition (ICAN) se sont intéressés, dans le cadre du programme Metacardis, à 49 patients obèses ou en surpoids. Il s’agit du même groupe de patients avec lequel les chercheurs de l’ICAN avaient démontré, dans « Nature », qu’une amélioration des comportements alimentaires avait un impact positif sur la richesse du microbiote.
Les microbiotes des patients ont été analysés avant et après une période de 6 semaines de perte de poids suivie d’une période de 6 semaines de stabilisation du poids. Avant le début de l’intervention, la richesse du microbiote et l’abondance en Akkermansia muciniphila étaient inversement associées à une forte glycémie à jeun, au rapport taille hanche, et au diamètre des adipocytes. Par ailleurs l’abondance en Akkermansia Muciniphila était un prédicteur indépendant de l’efficacité de l’intervention diététique.
Usual suspect
Ce n’est pas un hasard si les chercheurs parisiens se sont intéressés à Akkermansia muciniphilia, comme l’explique le Pr Karine Clément qui a dirigé les travaux : « Patrice Caini (Université catholique de Louvain) avait fait une élégante démonstration avec des souris soumises à un régime gras, se souvient-elle, quand on administrait la bactérie à ces animaux, on améliorait leur profil métabolique. Si on détruisant la bactérie par la chaleur, comme celle provoquée par l’inflammation chronique observée lors du syndrome métabolique, il n’y avait plus d’effet. »
Cette bactérie appartient à un groupe minoritaire, celui des Verrucomicrobia. Elle dégrade la mucine et se niche dans le mucus des parois intestinales. Son abondance peut varier d’un facteur mille d’un patient à l’autre, sans que l’on ne sache vraiment pourquoi.
Quant à son lien avec l’amélioration du métabolisme du glucose et de la répartition des graisses, il est également trop tôt pour se prononcer. « Ce qui est sur, c’est que cette bactérie n’agit pas toute seule, précise le Pr Clément, elle interagit avec tout un écosystème qu’il va falloir étudier. »
Un dialogue entre plusieurs phénomènes
Questionnée sur l’intérêt de ces travaux dans le développement des nouvelles approches thérapeutique comme la greffe fécale, le Pr Clément reste prudent : « il n’est pas certain que cela fonctionne chez les patients qui n’ont pas une bonne richesse bactérienne. » Les chercheurs doivent aussi répondre à la classique question de l’œuf ou de la poule : l’abondance en Akkermansia muciniphila est-elle une cause ou une conséquence des troubles métaboliques ? La réponse pourrait se situer enter les deux. « C’est un dialogue dans les deux sens, estime le Pr Clément, il se peut que l’obésité modifie le microbiote qui serait alors impliqué dans un phénomène d’entretien de la maladie qui devient chronique. »
Avec ce genre de résultats, les chercheurs construisent peu à peu un ensemble cohérent où se conjuguent inflammation et microbiote pour expliquer la physiopathologie des troubles métaboliques. « Il reste à savoir si l’on peut agir sur l’obésité et le risque diabétique en agissant sur un seul de ces points d’entrée, » conclue le Pr Clément pour qui « c’est un premier pas vers la médecine de précision de maladies hétérogènes complexes ». Dans un futur proche, les chercheurs de l’ICAN vont observer l’évolution de l’abondance en Akkermansia muciniphila avant et après la chirurgie de l’obésité.
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