LE CARACTÈRE systémique du psoriasis est sous-tendu, d’une part, par les données récentes sur ses mécanismes moléculaires et, d’autre part, par son association à de nombreuses comorbidités qui ont un impact important sur la qualité de vie (QDV). Des interactions entre les cellules de l’immunité cellulaire et les cytokines (TNF-alpha, interféron-gamma, interleukines…), l’épithélium cutané et le tissu conjonctif sont probablement impliquées dans le développement des lésions psoriasis (1). Le processus inflammatoire du psoriasis pourrait aussi jouer un rôle dans le développement des comorbidités associées (arthrite psoriasique, HTA, diabète, obésité, hyperlipidémies, lymphome…). Cette donnée récente a fait émerger le concept de « marche psoriasique » pour expliquer le lien entre le psoriasis et les comorbidités cardio-vasculaires sur lesquelles les traitements systémiques, notamment les anti-TNF, ont des effets bénéfiques (2). À noter que la prévalence accrue des comorbidités chez les patients psoriasiques concerne également la population pédiatrique (3).
Un algorithme thérapeutique.
Les patients atteints de psoriasis modéré à sévère sont sous-traités. D’où l’importance du récent consensus européen sur les objectifs thérapeutiques dans ce type de psoriasis défini par un BSA › 10 (Body Surface Area Estimation) ou un score PASI › 10 (Psoriasis Area Severity Index) et un score DLQI › 10 (Dermatology Life Quality Index) (4). La photothérapie et les traitements systémiques sont les deux options thérapeutiques préconisées par les experts.
L’objectif ultime du traitement est d’obtenir un blanchiment des lésions (PASI › 90), mais l’évaluation de son efficacité doit tenir également compte du score de QDV. Le consensus européen indique ainsi qu’une diminution du score PASI d’au moins 75 % du score initial (PASI ≥ 75) ou entre 50 % et 75 % (PASI ≥ 50 ‹ 75) avec un score de QDV › 5 est un signe de succès thérapeutique. Dans les autres cas (PASI ‹ 50 ou PASI ≥ 50 ‹ 75 + DLQV› 5), le traitement doit être modifié. Plusieurs options sont alors possibles : une augmentation des doses, une diminution de l’intervalle entre les prises, l’ajout d’un topique ou d’un autre traitement systémique ou un changement de médicament. Une analyse récente des données de trois études cliniques de phase III sur l’adalimumab, fondée sur cet algorithme thérapeutique (5), a mis en évidence un taux de succès (PASI › 75) chez 68,2 % à 79,3 % des patients à la 16e semaine. Avec le méthotrexate, si cet objectif n’est pas atteint dans ce délai, il y a peu de chances d’obtenir ensuite une bonne réponse (6, 7). On devrait alors envisager l’arrêt de ce traitement.
En ce qui concerne la tolérance des anti-TNF, le rapport bénéfice-risque durant la première année de traitement apparaît favorable (8). Enfin, pour optimiser la prise en charge à long terme du psoriasis, une évaluation régulière de l’efficacité du traitement est indispensable.
Lisbonne. 20e congrès de l’European Academy of Dermatology and Venerology. Symposium organisé par Abbott avec la participation des Prs Richard Langley (Canada), Kristian Reich (Allemagne) et Ulrich Mrowietz (Allemagne).
(1) Nestle F et al. NEJM 2009 ; 361 : 496-509.
(2) Wu J et al. J AM Acad Dermatol 2011 ; 64(2 Suppl) : AB7.
(3) Augustin M et al. Br J Dermatol 2010 ; 162 : 633-6.
(4) Mrowietz U et al. Arch Dermatol Res 2011 ; 303 : 1–10.
(5) Mrowietz U et al. EADV 2011 ; abstract PO1115.
(6) Saurat JH et al. Br J Dermatol 2011 ; 165 : 399-406.
(7) Barker J et al. Br J Dermatol 2011 ; 165 : 1109-17.
(8) Langley RG et al. Br J Dermatol 2010 ; 162 : 1349-58.
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