Cordon
Marc, 43 ans, consulte pour une lésion thoracique qui l’inquiète. L’examen clinique permet de trouver un cordon érythémateux développé de manière linéaire jusqu’au creux axillaire. À son origine il existe dans la région du manubrium sternal une plage érythémateuse centrée par une zone croûteuse. Le patient explique avoir effectué un séjour dans les Alpes deux jours auparavant, et avoir dormi à la belle étoile. À son réveil, il avait constaté la présence d’une piqûre au niveau de la zone croûteuse accompagnée d’une sensation de chaleur à ce niveau et signale avoir découvert une araignée dans son duvet. L’examen clinique du patient note des adénopathies au niveau axillaire gauche.
Araignées
Impact des morsures des araignées au niveau cutané.
Les araignées font partie de l’ordre des Aranéides. Ce sont des arthropodes terrestres dont la durée de vie en fonction des espèces varie entre 10 et 20 ans (1). L’aranéisme est l’envenimation par une araignée (2).
L’appareil venimeux de ces arthropodes est constitué par :
- des chélicères qui sont deux appendices constitués d’une tige et d’un crochet mobile;
- une glande à venin située dans les chélicères;
Il en existe plus de 3 500 espèces, et plusieurs familles (les Theridiidae, les Segestriidae, les Clubionidae).
Dans la famille des Theriddiidae (dont la taille est inférieure à 20 mm) comportant 1 500 espèces, nous trouvons Lactrodectus tredecimguttatus ou malmignatte qui appartient au groupe des « veuves noires » est la seule espèce d’araignée européenne dangereuse (1-2).
En France elle est retrouvée sur le pourtour méditerranéen (dont les Alpes où notre patient a résidé), et en Corse. Seule la femelle créée des manifestations cliniques. Le venin est neurotoxique.
La morsure est généralement indolore, élément expliquant la difficulté d’identification de l’agent à l’origine de la piqûre.
Des manifestations douloureuses apparaissent parfois, mais souvent une demi-heure après l’envenimation.
Après ces manifestations locales, une dissémination survient entraînant des contractures musculaires et un trismus qui donne au visage une expression typique de « faciès sardonique ». Une élévation de la pression artérielle est notée. Enfin, le tableau clinique s’accompagne parfois comme dans notre cas, 2 à 3 jours après, d’une dissémination bactérienne régionale prenant l’aspect d’une lymphangite.
Complétant ce tableau, des adénopathies sont fréquemment retrouvées au niveau du territoire atteint.
Les lymphangites
La lymphangite traduit une inflammation anormale des vaisseaux lymphatiques. Tout se passe comme s’ils étaient dépassés par un processus inflammatoire infectieux ou immunitaire. Bien qu’ils soient armés pour se défendre contre ces problèmes, leur rôle de drainage des déchets les expose en permanence à ce risque.
Deux stades se succèdent, local et régional avec une lymphangite inflammatoire : la peau en regard de cette dissémination devient rouge, chaude et indurée (cas d’une atteinte des petits réseaux lymphatiques) et apparaît une hyperthermie. Si l’inflammation atteint tout le vaisseau lymphatique, elle prend l’aspect d’un cordon rouge chaud et induré. Il s’agit ici d’une lymphangite réticulaire et linéaire se caractérisant par une inflammation des réseaux lymphatiques d’une partie spécifique de la peau.
Une infection bactérienne
Il s’agit d’une infection bactérienne le plus souvent due au streptocoque A bêta hémolytique (Streptococus pyogenes) mais il est possible de rencontrer également du staphylocoque doré.
Cliniquement il existe un état général plus ou moins altéré avec asthénie, frissons et hyperthermie (3).
La porte d’entrée est parfois punctiforme invisible ou plus évidente (piqûre d’insecte, folliculite, furoncle, intertrigo, ulcère de jambe…) (4).
À l’inspection nous trouvons un cordon induré superficiel, infiltré, chaud, douloureux à la palpation. L’évolution de cette diffusion s’effectue de manière centripète vers le relais ganglionnaire le plus proche.
En l’absence de traitement, cette infection loco régionale peut se compliquer d’une septicémie.
Traitement
Un traitement antiseptique au niveau de la porte d’entrée est conseillé. Une antibiothérapie par voie générale sur une durée de 7 jours sera dispensée. Elle est ciblée sur les germes les plus fréquemment rencontrés dans cette situation (streptocoque). À ce titre une pénicilline A ou M en première intention est prescrite. Dans les cas d’une allergie aux pénicillines nous aurions eu recours aux macrolides.
Bibliographie
1. Goyon M. L’aranéisme. Revue Française des Laboratoires 2002 ; 342 : 49-53.
2. Peres J-J. Les aranéides : les araignées. http://www. reptilis.org .
3. Pilly E. Maladies Infectieuses et Tropicales. Ed. Vivactis plus 2008.
4. Marque M, Girard C, Guillot B, Bessis D. Dermite érythémateuse linéaire supra lymphatique réactionnelle : une nouvelle entité clinico-histologique. Poster n°121. Journées de Paris 2006.
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