LE QUOTIDIEN : Comment prévenir la maladie de Lyme en pratique ?
Dr CÉDRIC LENORMAND : Le port de vêtements couvrants, si besoin imprégnés de perméthrine chez les personnes exposées, constitue la meilleure prophylaxie mais elle n’est pas toujours simple à mettre en œuvre. Le plus important est donc de s’examiner au retour de la nature.
Lorsqu’on repère une tique, il faut la retirer avec un tire-tique en faisant un mouvement de rotation afin de ne pas laisser en place la pièce piqueuse qui pourrait provoquer un petit granulome. L’utilisation de produits de type alcool, éther, vaseline…, n’est pas conseillée, car elle pourrait faire régurgiter la tique et augmenter ainsi le risque de transmission. Une surveillance du point de piqûre est ensuite indiquée.
La contamination est surtout le fait des nymphes de tique, difficiles à voir (1 à 2 mm), dont la piqûre est indolore. La bactérie nécessite plusieurs heures d’attachement de la tique pour pouvoir être inoculée ; le risque de transmission de la ML est donc pratiquement nul si on la retire le jour même. Mais la piqûre reste souvent inaperçue.
Dans les zones les plus endémiques (Alsace par exemple), moins de 25 % des tiques sont infestées par Borrelia et on a pu récemment estimer qu’en cas de piqûre par une tique contaminée, moins de 10 % des patients qui développeront un érythème migrant (EM) dans les 2 mois.
Quand demander une sérologie ?
La sérologie Borrelia se positive tardivement au cours des premiers mois de l’infection, et n’a donc aucun intérêt en cas de suspicion d’EM, où elle est négative dans plus de la moitié des cas.
Elle est le plus souvent positive au stade d’EM multiple ou de lymphocytome borrélien, sa négativité ne pouvant toutefois pas éliminer le diagnostic en cas de tableau clinique typique, tout comme dans les formes précoces de neuroborréliose (paralysie faciale par exemple), où des anomalies du LCR sont par contre toujours présentes.
La sérologie est presque toujours positive en cas d’arthrite borrélienne, et toujours au stade d’acrodermatite chronique atrophiante, permettant d’éliminer ce diagnostic en cas de négativité.
Dans les suspicions d’atteintes neurologiques tardives, le diagnostic impose la réalisation d’une ponction lombaire à la recherche d’une synthèse intra-thécale d’Ac anti-Borrelia, qui permet d’affirmer le diagnostic. En cas de doute devant des manifestations cutanées non typiques, une biopsie cutanée peut être adressée au Centre national de référence des Borrélioses à Strasbourg, pour recherche de Borrelia par culture et PCR.
Quand traiter les manifestations cutanées ?
Les molécules de choix pour le traitement des manifestations cutanées de la maladie de Lyme sont la doxycycline (200 mg/j) ou l’amoxicilline (3 g/j). L’antibiothérapie est indiquée pendant deux semaines en cas d’EM simple, pour 3 semaines dans la phase précoce disséminée (EM multiple, lymphocytome borrélien). En cas d’ACA, la doxycycline (200 mg/j) est le traitement de choix, durant 4 semaines, l’alternative reposant sur la ceftriaxone (2 g/24 heures) pour la même durée.
exergue : Le plus important est de s’examiner au retour de la nature
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