La maladie de Verneuil ou hidrosadénite suppurée, est une dermatose inflammatoire chronique et douloureuse qui se caractérise par des lésions suppuratives (abcès, nodules, fistules) récurrents localisés dans les zones corporelles porteuses de glandes apocrines, le plus souvent les régions axillaires, inguinales et anogénitales. Plus accessoirement, la maladie peut toucher les zones ombilicales, péri-aréolaires, sous et intermammaires ou encore la nuque.
La prévalence de la maladie est difficile à estimer mais semble se situer aux alentours de 1 % de la population. Elle reste sous-diagnostiquée (retard de diagnostic de 8 ans) et on estime qu’en France, elle affecterait plus de 500 000 personnes dont un tiers aurait une forme sévère. Elle touche plus les femmes que les hommes (3 femmes pour 1 homme) et l’âge moyen d’apparition de la maladie se situe autour de 22 ans. Les poussées ont un impact considérable sur le quotidien des patients sur leur vie familiale et professionnelle.
Chez ces patients, la maladie de Verneuil entraîne la survenue de plaies douloureuses et chroniques aboutissant à des cicatrices hypertrophiques et la persistance d’écoulements affectant l’image de soi, la sexualité. Elle est une source de dépression, accentuée par la difficulté de la prise en charge.
Diagnostic clinique
Le diagnostic est clinique et relativement simple. L’interrogatoire retrouve la notion de nodules récidivants, des facteurs environnementaux (obésité, tabac) et dans 30 % des cas, une histoire familiale d’abcès récidivants. L’examen clinique met en évidence la lésion élémentaire typique, un nodule centimétrique d’allure inflammatoire (rouge violacé, dur et très douloureux) localisé aux grands plis.
La classification de Hurley définit trois stades à la maladie, mais le passage d’un stade à l’autre est rare, un malade donné reste en général au même stade (il conviendrait plutôt de parler de grades). Le stade 1 (80 % des patients) correspond à un ou des nodules, ou abcès, sans fistule ni cicatrisation hypertrophique ; le stade 2, à des nodules fistulisés et suppurant avec des espaces de peau saine entre les lésions d’une même région ; enfin, au cours du stade 3, il n’y a pas d’espaces de peau saine et une inflammation importante de la région.
La place du médecin généraliste est importante dans cette maladie dont le diagnostic est essentiellement clinique et qui ne nécessite aucun examen complémentaire. Il convient également de rechercher un diabète de type 2 chez l’obèse, des troubles digestifs ou des arthralgies (association possible à une maladie de Crohn, une spondylarthrite ankylosante, un syndrome SAPHO). L’amaigrissement en cas de surpoids, l’équilibration d’un diabète peuvent améliorer la symptomatologie.
Les causes de la maladie sont encore méconnues, mais il semble que les lésions inflammatoires ont tendance à se former à la suite d’une occlusion des follicules pileux. L’inflammation implique plusieurs cytokines pro-inflammatoires dont le TNF alpha.
Selon la gravité des lésions
Le choix du traitement dépend de la gravité des lésions. Le traitement médical fait appel à l’antibiothérapie par voie orale prolongée sur plusieurs mois. Les germes présents sont variés : Staphylococcus lugdunensis, anaérobies stricts, streptocoques du groupe milleri et actinomycètes.
Au stade 1, lorsque le patient connaît les prodromes annonciateurs d’une nouvelle lésion, avant la poussée du nodule, un traitement abortif (Augmentin 3 g/jour) est préconisé. Un traitement au long cours par cyclines ou par macrolides peut diminuer également la fréquence et l’intensité des poussées. Des supplémentations à base de zinc ont également été proposées. Quant aux patients des stades 2 et 3, ils relèvent, outre l’antibiothérapie, de la chirurgie. Les anti-TNF sont également préconisés au cours des stades 2 et 3 (cf. encadré).
Le traitement chirurgical repose sur une exérèse large de tous les tissus atteints, voire de toute la zone pileuse dans les régions axillaires. Cette exérèse laisse une perte de substance plus ou moins étendue qui sera traitée dans un premier temps par cicatrisation dirigée. L’excision-suture est réservée aux lésions peu étendues, notamment au niveau des plis inguinaux. Une greffe de peau peut être nécessaire après chirurgie ; elle permet une nette amélioration de la qualité de vie et de l’aspect cicatriciel postopératoire à long terme, mais au prix d’un parcours patient long et compliqué.
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