L’année 2013 a vu l’explosion des Tests d’amplification des acides nucléiques (TAAN), bien au-delà des PCR Chlamydia trachomatis (CT) qui sont devenues de routine dans le dépistage des infections urogénitales (par prélèvement du premier jet d’urine chez l’homme et par autoprélèvement vulvovaginal chez la femme). Le dépistage de CT est à la nomenclature et l’on peut simplement regretter qu’une véritable politique de santé publique n’ait pas été mise en œuvre dans notre pays. En effet ce dépistage n’est pas gratuit en ville, il est donc inaccessible aux populations défavorisées. La prévalence des infections à CT (le plus souvent asymptomatiques) était encore en 2013 d’environ 10 % chez les jeunes femmes de moins de 25 ans dans les Centres d’information et de dépistage des IST (CIDDIST) qui pratiquent ce test gratuitement.
Aujourd’hui nous disposons de nombreux autres TAAN (PCR et autres tests d’amplification) pour le gonocoque (permettant de dépister de nombreuses infections asymptomatiques, pharyngées, anales et cervicovaginales), le tréponème pâle (technique appelée à remplacer la microscopie à fond noir), l’herpès (plus sensible que la culture), trichomonas vaginalis etc. Aucun de ces tests n’est pour l’instant à la nomenclature.
Sur le plan épidémiologique, la gonococcie, la syphilis précoce et la lymphogranulomatose vénérienne (LGV) réapparues il y a une dizaine d’années dans la communauté homosexuelle, sont toujours présentes, en plateau épidémique, preuve que les messages de prévention passent mal, en particulier sur les risques du sexe oral. Les nouveaux cas d’infection VIH sont d’ailleurs en légère augmentation dans cette population (2 700 en 2012 versus 2 500 en 2010). L’inquiétude a été aggravée par l’apparition de souches de gonocoques résistantes aux céphalosporines de troisième génération (la ceftriaxone et surtout le céfixime), seule thérapeutique régulièrement efficace en 2014 contre le gonocoque. Une vigilance extrême s’impose : toute urétrite doit être prélevée et cultivée avec antibiogramme, les guidelines européens ont été modifiés (interdiction du céfixime, dose augmentée de ceftriaxone à 500 mg IM), enfin un contrôle de guérison s’impose. Concernant la syphilis, l’année 2013 s’est mal terminée avec une regrettable rupture de stock de l’extencilline, traitement de référence et une solution de rechange qui se fait difficilement, d’autant que nous sommes confrontés en même temps à des problèmes d’approvisionnement en doxycycline (seule alternative admissible, bien que la pénicilline-retard soit préférable). Signalons aussi quelques petites épidémies de méningococcémie invasive dans la communauté homosexuelle, aux États-Unis, à Paris et Berlin.
Quant à la vaccination HPV, qui a déjà eu un impact favorable sur les condylomes chez les jeunes femmes, elle a été victime de campagnes médiatiques délétères, alors même que la couverture vaccinale est médiocre dans notre pays. Seule note optimiste, un nouveau traitement antiherpétique en phase II – III (anti-hélicase) de mécanisme d’action original et qui semble prometteur.
Hôpitaux Saint-Louis et Saint-Joseph (Paris)
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