Analyse rétrospective de la Nurses’ Health Study

L’hypertension artérielle chronique augmente le risque de psoriasis

Publié le 03/07/2014
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Crédit photo : PHANIE

Pour parvenir à montrer un lien entre hypertension artérielle et psoriasis qui partagent des mécanismes immunitaires et inflammatoires communs, Shaowei Wu de l’université de Providence, à Rhode Island, et ses collègues ont procédé à une analyse rétrospective des données de la Nurses’ Health Study. « Plusieurs études antérieures avaient évoqué le lien » expliquent les auteurs dans leur article du JAMA dermatology, « mais il s’agissait d’études cas-contrôles ou d’études transversales ». L’utilisation d’une grande cohorte a permis un suivi de plus d’un million d’années-patient, au cours duquel 843 cas de psoriasis incidents ont été documentés.

Comparativement aux femmes normotendues, les femmes présentant une HTA depuis 6 ans ou plus présentaient un risque de psoriasis augmenté de 27 %, que les patientes soient traitées (OR : 1, 31) ou non ( OR : 1,49).

Dans l’analyse séparée des traitements anti-hypertenseurs seuls les bêta-bloquants étaient significativement associés à un surrisque de psoriasis, de 39 %, lorsque la durée du traitement excédait 6 ans.

Un temps de latence parfois très long

Faut-il en conclure qu’un psoriasis observé chez un patient peut être causé par ses bêtabloquants ? Selon April Armstrong, dermatologue à l’université de Denver, établir un tel lien est assez périlleux. « Il y a plusieurs facteurs à prendre en compte » explique-t-elle dans un édito accompagnant la publication. « Une molécule peut, soit être à l’origine d’un psoriasis, soit exacerber un psoriasis préexistant. Ensuite, les puissances des preuves expérimentales varient considérablement, et la période de latence entre le début du traitement et les poussées de psoriasis peut fluctuer d’un médicament à l’autre, et se révéler très longue dans certains cas. »

Le lithium, facteur de risque connu de psoriasis, est associé des périodes de latence de 20 semaines pour l’exacerbation et de 48 semaines pour l’induction d’un nouveau psoriasis. Les antipaludéens, quant à eux, connaissent des périodes de latence allant de 4 à 12 semaines. « Les dermatologues doivent connaître ces médicaments à longue période de latence, pour en rechercher la prise au-delà des 2 à 4 semaines qui sont généralement explorées », conclue April Armstrong.

Shaowei Wu et al, Hypertension, Antihypertensive Medication Use and Risk of Psoriasis, JAMA Dermatology, publication en ligne du 2 juillet 2014.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Médecin: 9340