Les troubles de la pigmentation sont très fréquents, qu’il s’agisse d’une pathologie primitive comme le vitiligo, ou de lésions secondaires à une dermatose d’évolution chronique. « Ces troubles peuvent, d’une part, perturber la sémiologie, et d’autre part, influer sur la demande des patients, précise le Dr Antoine Mahé qui préside le groupe thématique Peau noire de la Société française de dermatologie (SFD). C’est notamment le cas dans l’acné, souvent très pigmentogène sur les peaux noires, pour laquelle les patients sont avant tout en attente d’un traitement de ces "taches" ».
Le vitiligo, plus sévère car plus visible sur les peaux noires, motive des recherches qui ont permis récemment de décrire une nouvelle entité : le vitiligo dit minor, où la dépigmentation est incomplète avec une topographie particulière médiofaciale ou médiothoracique. Il peut de ce fait rester méconnu pendant de nombreuses années.
Autre point notable : les risques liés à la dépigmentation cosmétique, qui concernent des patientes (ou plus rarement des patients) originaires essentiellement d’Afrique subsaharienne et qui exposent à des complications non seulement dermatologiques, bien connues, mais également systémiques. « Des cas d’hypercorticisme induit ou d’intoxication mercurielle chez les adultes, mais aussi chez des enfants allaités ont ainsi été rapportés », souligne le Dr Mahé. En ce qui concerne l’hydroquinone, un effet récemment décrit est la perturbation des lecteurs de glycémie piquée au doigt. « Les dermatologues doivent donc être vigilants sur cette pratique, volontiers dissimulée mais qui gagne à être recherchée indirectement en demandant au patient le type de crème qu’il utilise ». Pour aider à cette démarche, une liste des produits dépigmentants dont la composition est connue a été mise en ligne sur le site internet de la Société française de dermatologie (http://www.sfdermato.org/organisation-de-la-sfd/groupes-thematiques-et-…).
Les cicatrices chéloïdes sont plus fréquentes chez les sujets à peau noire que sur peau blanche, mais ne concernent toutefois qu’une proportion faible de tous les individus (sans doute moins de 1 %). « Ce surrisque ne justifie donc pas à lui seul de récuser un patient pour un geste chirurgical, même esthétique », insiste le Dr Mahé. Les chéloïdes restent toutefois de prise en charge complexe sur ce terrain, et le groupe thématique Peau noire de la SFD a élaboré un algorithme de prise en charge (voir schéma) visant à aider les praticiens dans leur démarche.
Domaine peu étudié, pas toujours mais souvent lié aux peaux noires : la pathologie des cheveux crépus, avec également ici des progrès dans la compréhension de certaines alopécies féminines qui seraient souvent liées à des manœuvres capillaires agressives. C’est le cas notamment de l’alopécie centrale centrifuge du vertex de la femme adulte, qui apparaît de plus en plus clairement comme étant une conséquence du défrisage et des tractions répétées. « Les techniques de défrisage, surtout lorsqu’elles sont répétées à court terme, peuvent entraîner une alopécie aiguë ou chronique définitive », conclut le Dr Mahé.
D’après un entretien avec le Dr Antoine Mahé, hôpital de Meaux, président du groupe thématique Peau noire de la Société française de dermatologie.
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