Les produits de protection solaire (PPS) occupent une place essentielle en photoprotection. Mais ils ont été, encore récemment, à l’origine de polémiques concernant leur risque sanitaire et leur efficacité.
« En ce qui concerne le risque allergique (rare), il a été évoqué ces dernières années pour l’octocrylène, et ce filtre a été quasi entièrement retiré des produits solaires. Il doit impérativement l’être des produits destinés aux enfants », affirme le Pr Jean-Claude Beani (Grenoble).
Récemment, le débat s’est surtout centré sur le risque de perturbations endocriniennes pouvant être induites par certains filtres chimiques : benzophénones, 3-benzylidène camphre (3-BC) et 4-methylbenzylidène camphre (4-MBC). La possibilité d’un effet estrogénique a été soulevée à partir d’une série de travaux de Margret Schlumpf sur des rats ayant absorbé oralement 3-BC et 4-MBC. Sur ce modèle expérimental, ces substances étaient susceptibles de perturber la fertilité des descendants des animaux soumis au risque.
Un risque plus que spéculatif
« Ces résultats ont été obtenus par une administration orale continue à des doses très importantes et très prolongées. Compte tenu de l’échelle entre l’exposition à laquelle sont soumis les animaux et la quantité de filtres qui pourraient pénétrer lors d’une application topique, leur transposition à un usage habituel des PPS paraît peu pertinente », fait remarquer le Pr Beani.
D'autres études cliniques récentes pourraient cependant donner un certain crédit à ce risque potentiel. Mais ces filtres chimiques sont présents dans de très nombreux cosmétiques (crèmes de jour, laques capillaires, shampooings…) ainsi que dans de très nombreux produits industriels, ce qui laisse largement place à d’autres sources de contamination percutanée ou orale que l’application topique des PPS.
Les filtres minéraux sont-ils plus sûrs ? Pas évident, depuis l’introduction des formes nanoparticulaires et compte tenu du risque de passage systémique lié à l’extrême finesse de ces particules. « L’Ansm a émis des recommandations précises sur l’usage du dioxyde de titane nanoparticulaire ainsi que sur les benzophénones (absence dans les produits pour enfants, et limitation à 6 % chez l’adulte) », rappelle le Pr Beani.
En ce qui concerne un possible effet négatif sur la synthèse de vitamine D lié à l’usage des PPS, il est aussi à exclure.
Par contre, il convient de rappeler l’efficacité démontrée des PPS en prévention de tous les cancers cutanés (carcinomes épidermoïdes, kératoses actiniques, mélanome) à condition d’être correctement utilisés et de ne pas augmenter la durée des expositions volontaires. Pour répondre à ce triple objectif, selon le spécialiste, « les produits de SPF moyen, de 15 à 30, pour les phototypes les plus communs en France devraient avoir la place centrale »
Entretien avec le Pr Jean-Claude Beani (Grenoble)
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