Le robot Da Vinci Xi, dernier né d’une série lancée il y a 15 ans, vient d’obtenir le marquage CE. Sa commercialisation en Europe est imminente. Un exemplaire est en démonstration à Paris, à l’école européenne de chirurgie.
Le Dr Vincent Flamand, urologue, a pu tester l’outil et le comparer avec l’avant-dernière version dont est équipé son CHU, à Lille. « La vision est meilleure et l’interface graphique, plus aboutie. Tout est tactile. Un logiciel permet à chaque chirurgien de programmer ses préférences : hauteur de la console, sensibilité des bras... ».
Un trocart unique - là réside l’innovation principale - permettra le passage d’une microcaméra (HD et 3D) et de trois instruments flexibles. « On pourra changer de cadran dans l’abdomen sans avoir à changer l’installation du robot. La chirurgie digestive y gagnera beaucoup », estime le Dr Flamand.
Environ 80 robots Da Vinci équipent actuellement la France. La chirurgie robotique, très coûteuse, a ses détracteurs, qui pointent l’apparition d’effets secondaires. Mais pour le Pr Guy Vallancien, mordu d’innovation, aucun retour en arrière n’est envisageable : « L’automatisation de la chirurgie est un mouvement inéluctable, à condition de bien former les chirurgiens. L’orthopédie et la chirurgie esthétique resteront faites par la main de l’homme. Mais dans 10 ou 15 ans, des pans entiers de la chirurgie thoracique et abdominale se feront par un système embarqué, équipé pour traiter les petites lésions de façon localisée et mini invasive ».
Gestes codifiés
Le président de l’école européenne de chirurgie voit déjà le coup d’après : un jour, anticipe-t-il, le robot opérera seul une tumeur. La machine comparera le scanner ou l’IRM avec l’anatomie réelle filmée en direct par ses soins, et ira frapper au plus près la tumeur, à coup de laser, d’ultrasons ou de radiofréquence. Au chômage, le chirurgien ? « Il faudra toujours des chirurgiens formés pour faire fonctionner le robot, et reprendre la main au besoin, estime le Dr Flamand. Mais on peut très bien imaginer que le robot exécute seul des gestes codifiés ».
L’école européenne de chirurgie se verrait bien réaliser la première chirurgie sans chirurgien. « Il y a bien des drones sans pilote et des voitures sans chauffeur, argumente le Pr Vallancien. Les blocs opératoires vont se transformer en plateformes multi-opérationnelles où des tables robotisées rouleront automatiquement d’un point à l’autre, sous l’œil d’ingénieurs opérateurs. Les chirurgiens qui refusent d’en entendre parler ont tort, c’est l’avenir ! »
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