Les travaux importants réalisés pour mettre au jour l’étiologie de la scoliose se sont avérés décevants. La conjonction de facteurs génétiques, neurohormonaux, vestibulaires, est évoquée régulièrement, sans pouvoir trancher fermement sur un primum movens. Ces recherches ont eu le mérite néanmoins d’écarter définitivement les facteurs mécaniques comme générateurs, ou aggravant une scoliose. Ainsi, les notions de sport – plus ou moins recommandé – ou de port de cartable – plus ou moins néfaste – sont obsolètes chez l’enfant. Il peut donc pratiquer toutes les activités physiques qu’il souhaite sans restriction.
Un diagnostic plus performant
Le dépistage, qu’il se fasse par le médecin traitant ou scolaire, s’avère efficace. Peu d’enfants sur notre territoire passent à travers le filtre clinique de la gibbosité. Les moyens d’imagerie sont devenus performants et peu invasifs : radiographies microdosées, scanner optiques non irradiants, l’accès facilité à l’IRM… Plus particulièrement, l’imagerie EOS permet d’obtenir des images 2D et 3D moyennant une irradiation divisée par 8 par rapport à une radiographie conventionnelle. La composante 3D permet den outre d’affiner le diagnostic de la scoliose.
Des traitements mieux évalués
L’évaluation de nos pratiques a permis également de mieux cerner l’efficacité des techniques mises en œuvre chez l’enfant. À ce jour, la kinésithérapie régulièrement prescrite n’a toujours pas démontré son efficacité. Le traitement par corset a en revanche passé avec succès les épreuves d’évaluation par la preuve.
Parallèlement, les techniques chirurgicales ont gagné en efficacité grâce à l’évolution des implants, et en sécurité du fait des techniques de monitorage médullaire.
Cependant, la plus grande avancée des 20 dernières années vient de la prise de conscience que la scoliose idiopathique n’est pas une maladie de croissance, stoppant son évolution à l’âge de 18 ans. On sait désormais que la scoliose idiopathique est une maladie de toute une vie, exigeant hygiène et surveillance du dos. Il est souvent nécessaire de reprendre le traitement à certaines étapes, notamment la ménopause. Si la plupart des scolioses idiopathiques évoluent bien et permettent une vie sociale et professionnelle normale, certaines formes vont se dégrader après la fin de la croissance. Leur méconnaissance peut conduire à des situations extrêmement complexes, voire des impasses thérapeutiques.
Une spécialité transcendant les tranches d’âge
La prise en charge de la scoliose de l’adulte ne se limite plus désormais à un traitement palliatif, constat d’impuissance. De véritables solutions existent et la chirurgie de la scoliose adulte est devenue une spécialité à part entière. Ainsi, les passerelles se multiplient entre les chirurgiens pédiatres et d’adultes. Cette pathologie s’enrichit de manière permanente du retour de chacun.
La composante tridimensionnelle, signalée dès la description initiale de la maladie, a commencé à prendre sa place dans la thérapeutique dans les années 1980. Elle s’est formidablement développée depuis. Il est ainsi établi que l’équilibre sagittal du patient est tout aussi important pour son futur que sa courbure coronale ou sa gibbosité. Cette analyse de la scoliose a permis de démembrer des formes de pronostic très variables et qui conditionnent le traitement dès l’enfance, avec une optique résolument tournée vers le long terme. Il est démontré que certaines formes a priori modérées en fin de croissance vont évoluer de manière péjorative à l’âge adulte et pouvant aboutir à des situations très invalidantes en deuxième partie de vie, sur une population vieillissante et active.
C’est à ce titre que la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (SOFCOT) et ses partenaires que sont la Société française de chirurgie du rachis (SFCR) et le Groupe d’étude de la scoliose (GES) a souhaité que le point soit fait sur cette nouvelle approche de la scoliose idiopathique. Les travaux du symposium se sont volontairement axés sur le devenir de l’enfant scoliotique sur le plan médical mais également en termes de santé publique. Les différents travaux originaux présentés concernent des séries avec un recul minimum de 20 ans, tant il est vrai que seul le recul à long terme permet une analyse objective.
Les chirurgiens pédiatres et médecins physiques doivent tout mettre en œuvre pour conduire des enfants en fin de croissance à un rachis équilibré dans le plan sagittal, même si cela passe par une courbure résiduelle modérée. En outre, ils devront identifier les formes de mauvais pronostic, même si elles sont peu inquiétantes en fin de croissance, et savoir intervenir afin de pouvoir effectuer des gestes simples et limités.
La surveillance est de règle après la fin de la croissance. L’évolution, même si elle est péjorative, est lente : une surveillance tous les 5 ans paraît raisonnable. Or en pratique elle n’est pas réalisée, ce qui génère des situations complexes déjà évoquées. Une sensibilisation du public et des soignants est nécessaire en ce sens. Les médecins traitants doivent savoir que désormais une scoliose décompensée et douloureuse en deuxième partie de vie n’est pas une fatalité mais peux bénéficier de traitements efficaces.
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