Dans 20 ans, proposera-t-on aux patients en attente d'une intervention chirurgicale lourde de s'exposer plusieurs heures durant à une source de lumière bleue afin de diminuer le risque de dommage lié à la revascularisation des organes à la fin de l'opération ?
Depuis plusieurs années, des études suggèrent que le rythme circadien influence profondément la manière dont l'organisme réagit à différents stress. « Toutefois, nous ne savons pas quel impact pouvait avoir les différentes longueurs d'onde sur le déroulement des pathologies aiguës », expliquent le Dr Du Yuan, du département de chirurgie de Pittsburgh et ses collègues, dans un article des PNAS où ils décrivent des études menées chez la souris. Selon leurs résultats publiés dans les « PNAS », l'exposition intense à la lumière bleue, plusieurs heures avant une opération, réduit les dommages liés à l'ischémie puis à la reperfusion chez la souris.
L'équipe des bleus a battu les rouges
Les auteurs ont provoqué des situations artificielles d'ischémie reperfusion chez des souris, et ont observé si une exposition à diverses sources de rayonnement lumineux avait un impact sur les dommages occasionnés au foie et aux reins des animaux. Les souris exposées à une lumière bleue intense avant l'opération souffrant de considérablement moins de dommages au niveau de leurs organes, comparés à celles exposées à une lumière rouge intense ou à une lumière blanche naturelle.
Les opérations réalisées après une exposition intense à la lumière bleue (1 400 lux pendant 24 heures) étaient notamment associées à une diminution des neutrophiles infiltrés dans les organes concernés ainsi que de la concentration en myéloperoxydase (une enzyme présente dans les cellules phagocytaires du système immunitaire). Ils ont également observé un taux plus faible de HMGB1, une protéine impliquée dans la motilité des neutrophiles connus pour être un médiateur des dommages liés à l'ischémie et la reperfusion.
Les concentrations d'alanine aminotransférase après une ischémie étaient ainsi de 1 300 unités internationales par litre contre 2 038 UI/L dans le groupe sous lumière rouge, ce qui constitue un indicateur d'une atteinte moindre au niveau du foie. De même, le débit de filtration glomérulaire était mieux préservé dans le groupe de souris exposées à la lumière bleue, avec un taux sérique de cystatine C de 1 069 ng/mL contre 1 409 ng/mL dans le groupe sous lumière rouge.
La voie optique
La même expérience tentée dans une lignée de souris chez qui une mutation dirigée provoque une dégénération des nerfs optiques ne donne pas de résultats significatifs. Les auteurs ont de plus observé que l'exposition à la lumière bleue ne modifie pas le taux de mélatonine. Ils avancent donc une explication impliquant la voie optique et s'appuyant sur la voie ß adrénergique : la photoimmunomodulation.
Les dommages liés à la reperfusion suite à une ischémie sont également au cœur des préoccupations dans la prise en charge de l'infarctus du myocarde. L'année dernière, l'étude CIRCUS, présentée au dernier Congrès européen de cardiologie (ESC), a montré que la prise de ciclosporine en amont de la reperfusion ne parvenait pas à réduire la mortalité, le risque de remodelage vasculaire et d'insuffisance cardiaque à un an.
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