Un quart d’heure au lieu d’une heure trente. C’est le temps de prise en charge d’une opération du canal carpien chez le Dr Olivier Mares au CHU de Nîmes. La raison : ce chirurgien orthopédiste opère depuis près de deux ans ses patients sous anesthésie locale, sous échographie, et en salle de soins adaptée.
« L’opération est la même que celle réalisée au bloc, sous anesthésie locorégionale et endoscopie, explique le Dr Mares, qui a présenté sa façon d’opérer lors d’un congrès d’orthopédistes aux États-Unis en septembre. Elle est simplement moins stressante pour le patient qui donne une note de satisfaction de 9,4/10 en suivant ce parcours contre 8,5/10 dans le suivi classique ».
Pour le Dr Thomas Apard, s’exprimant au nom de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot) : « Opérer sous anesthésie locale, en salle de soins adaptée, ou bien sous échographie se fait depuis de nombreuses années dans les pays anglo-saxons ou bien dans des pays pauvres où l’appel à un anesthésiste coûte cher. En l’espèce, les progrès de l’échographie permettent une prise en charge mini-invasive sous anesthésie locale sans garrot. L’innovation du Dr Mares tient dans la conjugaison de ces trois éléments tant médicaux, techniques, qu’organisationnels ».
Une initiative qui fait tache d'huile
Opérant à la clinique des Franciscaines (Ramsay Santé) de Versailles, ce chirurgien libéral s’apprête lui aussi à opérer de la sorte dès 2020 ainsi que le font deux autres praticiens français à Paris (Dr Frédéric Teboul), Toulouse (Dr Pierre Croutzet) et Avranches (Dr Gilles Candelier).
L’opération du canal carpien étant, avec la cataracte, l'une des opérations les plus réalisées, le Dr Mares mène actuellement une étude médico-économique. « Dans un CHU, il faut libérer du temps de bloc pour les opérations les plus critiques, argumente-t-il. Si le canal carpien peut s’opérer simplement, sans complication supplémentaire tout en apportant plus de confort au patient, je ne vois pas pourquoi s’en priver. Rien ne sert de surmédicaliser certains gestes. Les dentistes utilisent depuis longtemps un parcours de soins similaire sans que personne n’y trouve rien à redire ».
Moins d'antalgiques en postopératoire
En outre, avance le médecin, seuls quelques compresses, un peu de colle et un pansement sont nécessaires à la réalisation de cette opération sous anesthésie locale et sans garrot, quand il faut 8 à 9 kg de matériel jetable au bloc. Par ailleurs, cette façon de faire « entraîne moins de prescriptions d’antalgiques postopératoires. Les sensations de fourmillement, elles, disparaissent au bout de deux ou trois semaines comme dans l’opération menée classiquement », ajoute-t-il.
Lors de l’opération à laquelle « Le Quotidien » a pu assister, une piqûre puis une incision d’un peu moins d’un centimètre ont été pratiquées sur le poignet de la patiente pendant qu’une infirmière formée à l’hypnose lui parlait. Au bout de 13 minutes, l’opération de l’octogénaire était achevée. Et la patiente de s’étonner : « Je n’ai pas l’impression d’avoir été opérée. C’est déjà fini ? ».
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