Les personnes ayant subi un traumatisme crânien (TC) léger sans perte de connaissance ont un risque deux fois plus élevé de développer une démence que les personnes n'en ayant jamais eu, selon une étude publiée dans « JAMA Neurology ».
De précédentes études ont mis en évidence un lien entre TC modéré à sévère et démences, mais peu se sont intéressées aux TC légers sans perte de connaissance. Cette étude montre que même pour ces cas-là, il existe un risque.
Un effet dose-réponse entre sévérité du TC et démence
Les chercheurs ont analysé une large cohorte de vétérans américains (âge moyen de 49,5 ans et suivi médian de 4,2 ans), population pour laquelle les TC sont particulièrement fréquents. 178 779 d'entre eux ont eu au moins un TC. Ils ont été comparés à une population similaire en nombre et en caractéristiques, mais n'ayant jamais eu de TC.
La sévérité des TC varie au sein de la population des vétérans concernés par le TC avec 9,9 % d'entre eux qui ont eu un TC léger sans perte de connaissance, 12,9 % un TC léger avec perte de connaissance, 30,8 % un TC léger mais dont le statut perte de connaissance est inconnu et 46,4 % un TC modéré à sévère.
Parmi les vétérans avec TC, 10 835 cas de démences (soit 6,1 %) ont été constatés contre 4 698 (2,6 %) dans la population contrôle.
En ajustant selon différents paramètres (démographiques, médicaux et psychiatriques), les chercheurs ont mis en évidence une relation dose-réponse entre sévérité du TC et diagnostic de démence.
En effet, le risque de démence est augmenté de 2,36 fois en cas de TC léger sans perte de connaissance, de 2,51 fois en cas de TC léger avec perte de connaissance, de 3,19 fois en cas de TC léger mais dont le statut perte de connaissance est inconnu et de 3,77 fois en cas de TC modéré à sévère.
« Ces résultats sont intéressants, car ils montrent que, même sans perte de connaissance, des conséquences à long terme peuvent apparaître. Cela souligne le fait qu'un TC n'est pas nécessairement accompagné d'une perte de connaissance, ce qui a des implications en médecine légale », indique au « Quotidien » le Dr Jean-François Chermann, neurologue spécialisé dans les commotions (Paris), en commentaire de cette étude. Il ajoute : « Il n'y a en fait pas de traumatisme léger. Tout traumatisme peut entraîner des anomalies dans le cerveau. »
Mieux comprendre les mécanismes pour prévenir les risques
Les auteurs avancent plusieurs hypothèses pour expliquer le lien entre TC et démence. Ils suggèrent notamment que les mécanismes peuvent différer selon la sévérité du traumatisme : « Par exemple, un TC léger sans perte de connaissance peut augmenter le risque de démence principalement en accélérant l'atrophie cérébrale, tandis qu'un TC modéré à sévère peut avoir un effet plus direct sur les concentrations de β amyloïde et de tau. »
« Des recherches supplémentaires sont indispensables pour déterminer les mécanismes qui sous-tendent l'association observée entre TC et démence afin que des stratégies efficaces de traitement et de prévention puissent être développées », concluent les auteurs.
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