DE NOTRE CORRESPONDANTE
CETTE PREMIÈRE PREUVE de concept chez le rat permet d’espérer qu’un jour des patients insuffisants rénaux en attente de greffe pourront recevoir un greffon autologue produit "sur demande" à partir de leurs propres cellules, une avancée qui surmonterait le problème de pénurie d’organes et éliminerait le besoin d’une immunosuppression à vie.
En 12 jours.
Chaque année aux Etats-Unis, 18 000 transplantations rénales sont effectuées ,100 000 Américains atteints d’insuffisance rénale terminale sont en attente de greffon en raison d’un nombre insuffisant de reins disponibles. La création d’organes issus de l’ingénierie tissulaire, en utilisant les propres cellules du patient, pourrait contourner ces problèmes. L’équipe de Harald Ott au Massachusetts General Hospital de Boston décrit dans Nature Medicine une nouvelle avancée dans ce domaine : la création d’un rein fonctionnel par ingénierie tissulaire et sa transplantation chez le rat.
Comme pour leurs précédents travaux dans la régénération du coeur et du poumon, les chercheurs ont décellularisé des reins de rat mort, afin de ne conserver que la matrice extracellulaire de l’organe et son architecture. En utilisant une nouvelle technique d’ensemencement, ils ont alors repeuplé ces matrices rénales en délivrant des cellules épitheliales à travers l’uretère et des cellules endothéliales via l’artère rénale, et ont cultivé ces organes pendant 12 jours dans un bioréacteur enrichi en oxygène et nutriments.
Aprés maturation, les greffons apparaissent fonctionnels et produisent de l’urine in vitro lorsqu’ils sont perfusés par le lit vasculaire intrinsèque. Lorsque ces reins sont transplantés chez des rats, le greffon produit de l’urine dans l’uretère dès qu’il est perfusé par la circulation sanguine du receveur, sans hémorragie ni thrombus microvasculaire ."L’originalité de cette approche est que l’architecture de l’organe natif est préservée, de sorte que le greffon résultant peut être transplanté exactement comme un rein de donneur et connecté aux systèmes vasculaires et urinaires du receveur ", explique au Quotidien le Dr Ott. " Si cette technologie peut être adaptée aux greffons de taille humaine, les patients souffrant d’insuffisance rénale, qui sont en attente de rein d’un donneur ou non candidats à la transplantation pourraient théoriquement recevoir un rein créé sur demande".
Chez l’homme ?
Dans une première étape vers une réalisation humaine, les chercheurs ont réussi à décellulariser des reins porcins et humains." Nous explorons actuellement des méthodes pour produire à partir des cellules des patients les types de cellules nécessaires, et pour perfectionner l’ensemencement et la culture à l’échelle des organes humains "."Sur la base de cette première preuve de principe, nous espérons que les greffons rénaux issus de la bio-ingénierie seront capables de remplacer complètement la fonction des reins dans l’insuffisance rénale exactement comme un rein de donneur".
Nature Medicine, 14 avril 2013, Song et coll.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024