Une élévation de la concentration sérique de troponine T (TnT) de 4e génération dans les trois jours qui suivent une chirurgie non cardiaque est associée avec un surrisque de mortalité postopératoire. C’est ce que révèle l’étude prospective VISION* publiée dans le JAMA cette semaine.
Considérant les 200 millions d’adultes opérés chaque année dans le monde et le million de décès qui s’en suit, cette étude pose la question du monitorage de la TnT dans les chirurgies générales, orthopédiques et même celles considérées à bas risque alors que ce marqueur sérique quasi spécifique du tissu myocardique est habituellement dosé dans un contexte clinique de pathologie coronaire.
VISION est une étude prospective internationale qui a inclus 15 133 patients âgés de 45 ou plus hospitalisés - au moins une nuit - pour un acte chirurgical et chez lesquels la troponine a été dosée à la 6e et à la 12e heure postopératoires, à J1, J2 et J3.
Le taux de mortalité à trente jours est de 1,9 %, soit 282 décès. Parmi les 24 variables étudiées, 11 sont apparues comme des facteurs indépendants de surmortalité : le plus puissant marqueur préopératoire est le contexte d’urgence et, en postopératoire, le dosage de la TnT. L’analyse statistique multivariée a montré qu’un pic de TnT de 0,02 ng/L (11,6 % des patients) est associée un surcroît de mortalité à trente jours comparativement au groupe de référence (TnT ≤ 0,01 ng/ml) : 1 patient sur 6 ayant un taux de TnT supérieur ou égal à 0,30 ng/ml décède dans les trente jours ( aHR10,48 CI : 6,25-16,62), donc pour des concentrations plus basses qu’en cardiologie (valeur seuil 0,04 ng/ml).
Pour les auteurs, VISION pose plusieurs questions : « rattraper » les infarctus sous-estimés après chirurgie non cardiaque chez des patients très peu symptomatiques, celle d’une prescription d’aspirine et de statine systématique pour toute augmentation décelée de troponine dans un contexte périopératoire non cardiaque. Enfin, on pourrait expliquer le lien entre élévation de la troponine et décès non vasculaire par l’existence de pneumonies survenant après souffrance myocardique.
JAMA du 6 juin 2012.
Vascular Events in Noncardiac Surgery Patients Cohort Evaluation.
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