L’année dernière, près de 600 patients du CHU de Toulouse ont bénéficié d’un suivi digital en continu, avant et après une intervention chirurgicale en orthopédie. Et selon le Pr Nicolas Reina, chirurgien spécialiste de la hanche, c’est une petite révolution.
L’hôpital toulousain est le premier à développer une utilisation aussi vaste du digital en orthopédie à l'aide d’une plateforme. Le recours à la plateforme Orthense s'est mis en place après un appel à manifestation d’intérêt national. Cette plateforme s’appuie sur une technologie développée par la start-up toulousaine Digikare et mise au point par le Dr Jérôme Villeminot, lui-même chirurgien orthopédique à Haguenau. Actuellement en phase d’évaluation, le projet a bénéficié d’un financement de 130 000 euros sur quatre ans.
Concrètement, chaque médecin propose à son patient de s'inscrire sur Orthense lors de la première consultation. S’il accepte, il remplit un questionnaire qui renseigne précisément son ressenti, sa douleur, son environnement psychologique, son statut nutritionnel, sa gêne fonctionnelle… « Avec ce questionnaire, en tant que soignants, on sort de notre biais d’analyse purement médical, on se fonde sur ce que ressent vraiment le patient ; et non plus uniquement sur nos références habituelles. Personnellement, j’y vois un potentiel de recherche énorme, l’occasion d’utiliser de la donnée comme pour le médicament et pourquoi pas de faire du soin prédictif, décrit le Pr Reina. En effet, si le patient est obèse et diabétique, je sais qu’il a des chances de faire telle ou telle difficulté, et si j’ai compilé des données là-dessus, à moi de prévoir les complications. »
Un outil enrichi par les protocoles de soin
Dans cette spécialité où les consultations postopératoires ont tendance à être très espacées (à trois puis six mois), Orthense permet un suivi quasi continu. En fonction des réponses du patient, un algorithme d’intelligence artificielle alerte le chirurgien.
Autre valeur ajoutée de la plateforme, elle s’utilise comme un outil partagé évolutif et enrichi par les protocoles de soins des chirurgiens utilisateurs. « Pour ma part, j’ai développé un protocole spécifique pour la hanche qui mesure des scores pour la reprise de la marche, la motricité, la douleur et je suis alerté en cas de problème, explique Nicolas Reina. Mais parfois, la récupération est normale et le patient a simplement besoin d’être rassuré d’un point de vue psychologique. »
Dans la chirurgie de l’épaule qui nécessite un vrai « coaching » rééducatif, « Orthense permet une reprise graduelle de l’activité et offre un suivi bien plus adapté », indique aussi le Pr Nicolas Bonnevialle, orthopédiste spécialiste de cette articulation au CHU.
Les médecins y voient aussi, à long terme, un moyen de faire de la statistique descriptive et donc d’affiner les prises en charge. Actuellement, en France, 150 chirurgiens orthopédiques partagent leurs expériences cliniques par le biais d’Orthense. Une question se pose cependant : celle de la non-adhésion des patients âgés, rebutés par la technologie mais pourtant nombreux à être concernés par la chirurgie.
Le phénomène, qui n'est pas encore chiffré, serait minime selon les utilisateurs toulousains.
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