Réversible, modulable, non invasive, la technique ainsi décrite par son concepteur se veut moins agressive que les sleeves et bypass. La méthode du Dr Jean-Yves Le Goff, dite « technique le Goff », repose sur une chirurgie de l’obésité originale : une gastroplastie par anneau avec plicature partielle de l’estomac. « C’est une sorte de sleeve fonctionnelle associée à un anneau qui ne glisse pas », simplifie le chirurgien.
Depuis 19 ans qu’il pratique ce type d’intervention, le chirurgien digestif, qui exerce aujourd’hui à la clinique du Trocadéro (Paris) et à l’hôpital privé de Seine Saint-Denis, aimerait faire des émules parmi ses confrères. Pour se faire connaître et convaincre, il avance les résultats obtenus dans sa série de 794 patients obèses. La technique n’a pas de contre-indication et le caractère non-mutilant et réversible fait qu’elle serait même à l’inverse particulièrement adaptée aux sujets jeunes, voire aux adolescents.
À contre-courant
Le Dr Jean-Yves Le Goff a commencé à communiquer sur sa technique en 2001, et de manière plus organisée depuis 3-4 ans, en France et à l’international, notamment au congrès annuel de la SOFCOMM*, à Lyon en mai dernier, et au congrès mondial annuel de la chirurgie de l’obésité (IFSO), à Montréal en 2014. Il vient de publier dans le journal Obésité**. Pourtant il est encore le seul à la réaliser. Plus pour très longtemps semble-t-il. « Je viens de former un ancien chef de l’hôpital Cochin », se satisfait-il. Et c’est sans compter que d’autres, confrontés aux limites des autres chirurgies de l’obésité, aient pu mettre au point une technique proche, comme cette équipe coréenne venue à sa rencontre en congrès « nous aussi, on fait comme vous ».
Pourquoi la méthode n’a-t-elle pas suscité davantage l’intérêt de la profession jusqu’à présent ? Le Dr Le Goff attribue cet état de fait à une question de mode. « J’étais à contre-courant quand j’ai commencé à présenter ma technique, explique-t-il. Les grandes équipes délaissaient l’anneau gastrique pour les sleeves et des bypass. C’est compliqué pour des équipes qui se sont fait un nom avec le bypass de revenir sur leur choix. » Le temps a passé et les sleeves et bypass se révèlent ne pas être tout à fait les solutions miracles espérées.
Plicature partielle gastrique
La « technique Le Goff » consiste à fixer solidement l’anneau et à réaliser une plicature partielle gastrique par voie rétro-gastrique. Le glissement de l’anneau étant le principal problème, le chirurgien a opté pour 6 à 10 points séro-gastriques musculo-oesophagiens. L’évacuation gastrique est ralentie aussi du fait que pour fixer l’anneau l’œsophage est dépouillé de la graisse mais aussi des branches nerveuses du pneumogastrique gauche à destinée gastrique et oesophagienne.
De plus, le chirurgien insiste sur un effet physiologique supplémentaire de l’intervention. Le montage lors de l’alimentation appuie sur l’œsophage et les centres nerveux IGLE situés dans sa paroi, ces centres de la faim régies par des barorécepteurs. Le gonflage de l’anneau, à l’aide d’un boîtier abdominal, permet d’adapter la perte de poids de façon personnalisée. « Mais pour 10 % des patients, le montage suffit, pas besoin de gonflage », indique-t-il.
Une prise en charge multidisciplinaire
En terme d’efficacité, l’amaigrissement est très rapide, dès le lendemain de l’intervention, et la perte d’excès de poids au long cours est comparable au bypass, de l’ordre de 60 % à 15 ans, mais insiste le Dr Le Goff « pour une mortalité nulle et sans les carences nutritionnelles ». Pour 174 patients, la perte de poids s’est maintenu à 100 % à 12 ans. Le suivi rapproché obligatoire pour régler le gonflage de l’anneau, « 4 à 6 fois par an au début puis au moins une fois par an », fait qu’il y a peu de perdus de vue et « très peu de patients multiopérés, comme c’est de plus en plus le cas avec parfois des sujets obèses opérés 7 à 8 fois par des équipes différentes ».
Le risque de complications serait faible. Dans sa série de patients, le chirurgien rapporte 1 ablation de l’anneau pour intolérance psychologique, 8 érosions gastriques, 13 dilatations gastriques et une sténose œsophagienne. Par comparaison, les sleeves et bypass exposent à une mortalité de l’ordre de 0,5 % (chiffres HAS de 2011), avec un risque de fistules (3-7 %), d’hémorragies (0,6-4 %), d’occlusions (3 %), de sténose de l’anastomose gastro-jéjunale (6-20 %), de carences nutritionnelles (vitamine B1, B12, B6, D, fer, calcium, magnésium) et de troubles métaboliques (hypoglycémies).
Le Dr Le Goff insiste sur l’importance de la prise en charge multidisciplinaire, avec reprise du sport et surtout soutien psychologique, avec des visites chez le nutritionniste et le psychiatre. « Certains poursuivront les consultations individuelles ou en thérapie de groupe. D’autres continueront à comprendre leur rapport à la nourriture de façon plus solitaire, explique-t-il. Les facteurs psychologiques sont présents dans 80 à 90 % des cas ». L’encadrement dans le temps est là pour accompagner les patients. « La qualité du lien est essentielle pour que ça marche », conclut-il, lui que ses patients ne veulent pas laisser partir à la retraite.
**Obésité vol 10, n°2, juin 2015
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