« LA GESTION du kératocône est en train d’être considérablement modifiée. L’introduction de nouvelles méthodes, qui pourront éventuellement être combinées, constitue un progrès considérable dont l’évaluation n’est pas encore terminée. »
Le kératocône est une dystrophie stromale primitive, due à un processus non inflammatoire qui produit un amincissement progressif de la cornée, conduisant à une ectasie cornéenne caractérisée par une protrusion conique évolutive de la cornée. Responsable d’une baisse visuelle, le kératocône s’accompagne d’une forte myopie et d’un astigmatisme de haut degré. La baisse visuelle peut être accrue par la présence d’opacités au sommet du cône dans les formes les plus avancées.
L’affection est presque toujours bilatérale ; elle est souvent reconnue vers la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte, avec un potentiel évolutif jusque vers l’âge de 45 ans.
Chiffres sont revus à la hausse.
Le kératocône a longtemps été considéré somme une maladie rare. Les chiffres sont revus à la hausse depuis que les examens préopératoires réalisés avant une chirurgie réfractive de myopie ou d’astigmatisme ont révélé la fréquence des formes frustes (jusqu’à 8 % chez ces patients).
Le traitement conservateur commence par une correction par verres ou lentilles de contact. Quand les lentilles de contact ne peuvent fournir une bonne acuité visuelle, la chirurgie est indiquée.
Le traitement chirurgical s’est longtemps limité à la greffe de cornée. « Depuis quelques années, de nouvelles options chirurgicales plus conservatrices sont apparues, dont il est important de tenter d’évaluer actuellement l’efficacité. » Dans le centre de référence de l’hôpital Purpan, ces techniques ont été appliquées à un certain nombre de patients.
Une irradiation par UVA.
Il s’agit de :
- La technique du « cross-linking » visant à améliorer la résistance du collagène. À l’état normal, des liaisons unissent les fibrilles et les lamelles qui font partie des composants de base du collagène, pour lui conférer sa résistance biomécanique. Ce « cross-linking » du collagène est anormalement réduit dans le kératocône. Théo Seiler a proposé de tenter d’accroître la résistance du stroma cornéen en augmentant la réticulation du collagène. Après instillation de riboflavine (vitamine B2), la cornée est soumise à une irradiation par UVA pendant 30 à 60 min. L’irradiation de la riboflavine de cette manière, fait produire des radicaux libres oxygénés qui vont former des liens entre les chaînes de collagène et augmenter sa rigidité.
« Nous avons traité 53 yeux de 53 patients avec un suivi postopératoire atteignant 2 ans. Un an après l’intervention, 61,1 % des yeux étaient stabilisés. On notait une régression du bombement d’au moins 1 dioptrie dans 30 % des cas, tandis qu’il continuait à progresser dans 6,25 % des cas. »
En somme, les résultats apparaissent inconstants, « néanmoins, nos observations à deux ans semblent montrer une nette tendance en faveur d’une stabilisation dans la majorité des cas et une régression du bombement cornéen dans certains cas. »
- L’insertion de segments d’anneau en polyméthyl métacrylate dans les couches du stroma cornéen pour tenter de corriger la déformation. Ils sont implantés au niveau du secteur le plus bombé de façon à aplatir le sommet du cône et régulariser la forme de la cornée.
Les résultats de cette technique sont rapportés chez 26 patients porteurs d’un kératocône et présentant un astigmatisme irrégulier, impossible à corriger par des lentilles de contact.
Dans 77 % des cas, il y a eu un gain d’acuité visuelle sans correction allant de 1 à plus de 5 lignes. Cette acuité était stable pour 4,5 % des yeux et diminuée pour 18 % des yeux. « Il y a eu dans l’ensemble une très nette amélioration des résultats réfractifs, portant avant tout sur l’astigmatisme. » Dans plus de 72 % des cas, on enregistre une régularisation de la forme de la cornée et une réduction du bombement cornéen central. L’effet réfractif sur l’astigmatisme apparaît limité, mais cette technique séduit par son caractère peu agressif, sa réversibilité et la possibilité d’amélioration de l’acuité visuelle.
- Une méthode d’implants intra-oculaires toriques pour corriger l’astigmatisme sans intervenir sur la cornée, est à l’étude. Peu de cas ont été concernés. Elle pourrait avoir un intérêt dans les kératocônes présentant de fortes amétropies sphériques et cylindriques avec cornée claire.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024