Une reconstitution d’un hémi-bassin par autogreffe du fémur a été réalisée au CHU de Marseille, au sein du service de chirurgie orthopédique et vertébrale de l’hôpital de la Conception (dirigé par le Pr Serge Nazarian). Le Dr Pierre-Olivier Pinelli a réalisé cette reconstruction chez une malade atteinte d’un sarcome, en suivant une méthode très complexe et rare, qu’il explique au « Quotidien » (voir également le diaporama en haut à gauche de l'article).
« Cette intervention caractérisée par une haute technicité, demeure exceptionnelle. Elle était la seule alternative pour ôter la lésion cancéreuse dans le cas de cette patiente. » La patiente, âgée de 52 ans, souffrait d’un chondrosarcome étendu intéressant un hémibassin quasiment dans sa totalité. La tumeur de volume important ne lassait indemne qu’une petite portion d’os près du pubis. Le chondrosarcome ne répondant ni à la chimiothérapie, ni à la radiothérapie, doit être enlevé pour espérer une guérison. Au moment du diagnostic il n’y avait pas de métastases visibles par les moyens d’investigation.
Douze heures d’intervention
L’intervention, qui a duré plus de douze heures, a d’abord nécessité l’ablation de la moitié du bassin. Pour la reconstruction, dans cette situation, il existe plusieurs options, mais étant donné l’ampleur de la lésion, seule la reconstruction du bassin en utilisant la partie haute du fémur est possible. La rotondité de cette portion d’os permet de reconstruire l’anneau du bassin. « Une fois qu’il est consolidé sur le sacrum et le pubis, il a une résistance normale et peut recevoir une prothèse de hanche. »
Le fémur de la patiente a été prélevé avec une section entre le 1/4 et le 1/3 supérieur. La tête fémorale a été dépourvue de son cartilage, puis fixée sur l’aileron sacré à l’aide de vis. La portion diaphysaire du fémur a été fixée sur le pubis.
Dans le même temps opératoire, une cavité cotyloïdienne a été formée, pour recevoir une prothèse de hanche du « type tumeur ».
L’intervention a été réalisée en association avec un chirurgien viscéral qui a reconstitué le fond du bassin, à l’aide d’une plaque comme ce qui est utilisé dans les hernies.
La patiente a été opérée le 20 mai. Il a fallu attendre trois mois, la durée de consolidation des fractures des membres inférieurs, pour qu’elle puisse marcher avec l’aide de deux cannes.
L’évolution qui est très bonne, permettra probablement de n’utiliser qu’une seule canne. « Les muscles qui s’insèrent sur l’aile iliaque n’ont plus d’attache, il est probable qu’une boiterie persistera, et que l’utilisation d’une canne pourra l’atténuer. »
La malade a reçu un traitement antalgique pendant le temps nécessaire, au bout d’un mois elle n’avait plus de douleurs. Elle a eu aussi des anticoagulants préventifs.
Haute technicité
Cette chirurgie de reconstitution d’une large partie du bassin par autogreffe du fémur est caractérisée par une haute technicité. Seuls quelques cas similaires ont été réalisés à travers le monde. Cette intervention permet de traiter des cancers qui jusque-là ne bénéficiaient que de traitements palliatifs. C’est Jean Pujet, un orthopédiste français, qui l’a mise au point à la fin des années quatre-vingt. Elle n’a été que rarement appliquée dans des cas d’un remplacement aussi étendu.
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