DE NOTRE CORRESPONDANT
LA CHIRURGIE MINI-INVASIVE trouve peu à peu sa place dans le cadre des lobectomies pulmonaires. Jadis peu prisée en France, la thoracoscopie vidéo-assistée – nécessitant trois incisions de 10 à 12 mm sur le flan du patient, qui se trouve couché sur le côté, entre la 7e et 8e côte - à laquelle les chirurgiens français préféraient jusqu’ici la thoracotomie nécessitant l’ouverture du thorax.
Pratiquée dans le traitement d’un cancer du poumon, la lobectomie vise à ôter un des lobes pulmonaires où se trouve la tumeur et curer la zone. « À la fin de l’année, nous aurons, depuis 1997, réalisé 600 opérations », avance le Pr Charles Marty-Ané, chef du département de chirurgie thoracique, cardiaque et vasculaire au CHU de Montpellier, l’un des premiers défenseurs de cette technique dans l’Hexagone.
La France à la traîne.
En 2012, sur les 3 765 lobectomies réalisées en France, 504 (13,4 %) l’ont été par thoracoscopie, selon la base nationale de données Epithor gérée depuis le CHU de Toulouse par le Pr Marcel Dahan. Ce taux s’avère particulièrement faible au regard des pratiques observées au Japon, en Corée du Sud, ou aux États-Unis. Dans ces pays, ce sont près de 40 % des opérations qui sont réalisées par vidéo-assistance. Et encore, en dix ans, la technique s’est énormément démocratisée dans les blocs hexagonaux.
En 2004, seules 36 lobectomies (soit à peine 1,7 % des opérations) étaient concernées par la chirurgie mini-invasive.
« La première fois que j’ai présenté cette technique lors d’un de nos congrès, l’accueil a été plus que mitigé, se souvient le Pr Marty-Ané. Dans ma pratique quotidienne, 60 % des lobectomies sont à présent réalisées suivant cette technique. » Le Pr Dominique Gossot de l’Institut Mutualiste Montsouris, rejoint son confrère dans l’analyse : « À l’époque, on passait un peu pour des dingues », affirme celui qui fit son apprentissage de la technique « aux États-Unis et en labo ». Cumulées depuis une dizaine d’années, il totalisera d’ici la fin de l’année 500 opérations du genre.
Pourquoi les chirurgiens français, contrairement aux Américains, se sont pendant dix ans détournés de cette technique alors que la cœlioscopie s’est rapidement imposée dans notre pays? « Une exigence technique demande un temps d’apprentissage relativement long. Par ailleurs, on manquait de recul par rapport à la technique », avance prudemment le professeur héraultais.
Moins de douleurs intercostales.
Pour le patient, l’un des avantages majeurs de la thoracoscopie, par rapport à la thoracotomie, est qu’elle permet de réduire les douleurs intercostales après l’opération. « Classiquement, la lobectomie pulmonaire requiert une thoracotomie, c’est-à-dire une ouverture large du thorax imposant des sections musculaires et un écartement intercostal prolongé qui sont généralement à l’origine de douleurs thoraciques post-opératoires invalidantes », explique le Pr Marty-Ané. Avec la thoracoscopie, une récupération plus rapide est donc permise pour le patient qui voit sa durée de séjour réduite de quatre à cinq jours contre huit à dix dans le cadre d’une lobectomie par thoracotomie.
Inconvénient pour le praticien, la durée de l’opération serait allongée « de 2 h 30 à 3 heures contre 1 h 30 à 2 heures dans le cadre d’une thoracotomie. » Au regard des statistiques à l’étranger, le choix de la thoracoscopie vidéo-assistée pour une lobectomie conserve une large marge de progression. Pour autant, elle ne saurait se substituer totalement à la thoracotomie. « En cas de difficulté technique, ce qui représente 6 % des cas, il faut toujours être en mesure convertir l’opération et d’ouvrir. Par ailleurs, si la tumeur touche d’autres organes ou la paroi thoracique, il n’y a pas de possibilité à la thoracoscopie car la technique n’est pas adaptée », poursuit le Pr Marty-Ané. Premier cancer en termes de mortalité, le cancer du poumon touche chaque année près de 40 000 personnes en France.
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