Entretien avec le Dr Karim Laouabdia*
C’EST une première tendance qui devra certes être confirmée mais qui est jugée « clairement encourageante » par le Dr Karim Laouabdia. « Entre 2011 et 2012, le nombre de greffes rénales à partir d’un donneur vivant a augmenté de plus de 15 %, explique-t-il. Elles représentent désormais près de 12 % des greffes rénales contre 5 à 7 % dans les années 2000. »
Le développement des greffes rénales, à partir de donneurs vivants, constitue l’un des quatre objectifs du plan greffe 2012-2016. Le premier plan (2000-2003) avait permis une progression importante des activités de prélèvement et de greffe. Ce deuxième plan, mis en œuvre sous la houlette de l’ABM, s’articule autour de quatre axes stratégiques : inscrire la greffe dans une filière de soins ; développer toutes les possibilités de prélèvements ; renforcer les systèmes de qualité et de sécurité sanitaire ; augmenter le nombre et la diversité génétique des donneurs de cellules souches hématopoïétiques. Une attention particulière a été apportée au développement de la greffe rénale. « Au cours des dernières années, il y a eu une réelle prise de conscience du fait que l’insuffisance rénale chronique est un problème de santé publique majeur, compte tenu du vieillissement de la population et du développement des pathologies pouvant conduire à une IRC terminale. Désormais, la communauté des néphrologues et les autorités sanitaires sont convaincues de la nécessité de développer la greffe rénale », indique le Dr Laouabdia. Le plan greffe insiste aussi sur l’intérêt médico-économique de la greffe rénale pour la collectivité. « Le coût de la dialyse est d’environ 80 000 € par an ; celui de la greffe est équivalent l’année de l’intervention mais n’est plus ensuite que de l’ordre de 20 000 € par an pendant toute la durée de vie du greffon, sans compter que la greffe améliore significativement la durée et la qualité de vie des patients », indique le plan greffe. En 2010, 9 400 nouveaux malades ont débuté un traitement de suppléance de l’IRC en France. Le 31 décembre 2010, 37 430 malades étaient en dialyse, 29 841 étaient porteurs d’un greffon rénal fonctionnel. En 2012, 3 044 greffes de rein ont été pratiquées.
Pour développer la greffe rénale à partir de donneurs vivants, le plan mise d’abord sur l’information des professionnels de santé, des patients et de leur entourage sur les différentes options thérapeutiques existantes. « Nous avons informé tous les acteurs concernés, les néphrologues de ville, les infirmières de dialyse, les généralistes. Aujourd’hui le message est bien passé, notamment auprès des patients et des proches. Désormais, il n’est plus rare que certains patients évoquent, en consultation, la question de la greffe à partir d’un donneur vivant », constate le Dr Laouabdia.
En parallèle, le plan vise aussi et bien sûr à développer les greffes rénales à partir de donneurs décédés. « Ces dernières années, le nombre de personnes en état de mort encéphalique a diminué en France grâce à l’amélioration de la prise en charge des AVC et la baisse du nombre d’accidents sur la voie publique. Cependant il existe une hétérogénéité dans le recensement des donneurs qui pourraient devenir des donneurs potentiels », constate le Dr Laouabdia. « Notre volonté est de déployer et pérenniser le programme Cristal action, qui est un outil d’amélioration du recensement des donneurs potentiels dans tous les hôpitaux autorisés à prélever. Nous menons cette action en lien étroit avec les directions hospitalières. Et les ARS ont reçu, pour les quatre ans à venir, des objectifs clairs en terme de développement des greffes à partir de donneurs décédés ou vivants », indique le Dr Laouabdia.
L’objectif est aussi de développer les prélèvements sur donneurs décédés après un arrêt cardiaque, en augmentant le nombre de sites autorisés à pratiquer ce type de prélèvement, mais aussi le prélèvement sur donneurs décédés dits à « critères élargis », c’est-à-dire des donneurs âgés, porteurs de maladies chroniques et/ou de marqueurs infectieux.
Directeur général adjoint, en charge de la politique médicale et scientifique de l’Agence de la biomédecine (ABM).
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024