« On s’est rendu compte très rapidement que les suites opératoires pour les premiers patients opérés d’une prothèse de hanche ou de genou étaient beaucoup plus simples. C’est le jour et la nuit, affirme le Dr Stefan Procyk qui a opéré plusieurs dizaines de patients avec cette nouvelle technique, la transcollation.
« La transcollation est plus qu’un système de coagulation, reprend le Dr Stefan Procyk, c’est un système de préservation tissulaire ». Grâce à la radiofréquence, la transcollation va, en délivrant une énergie thermique contrôlée aux tissus (la température locale ne dépassera pas 100 °C), collaber les vaisseaux en collant les fibres de collagène. Les parois des vaisseaux se collent à elles-mêmes et assurent une obturation étanche, solide, durable, définitive ; elle crée à la surface des tissus une pellicule d’un millimètre d’étanchéité par collage du collagène. Il n’y a donc pas de brûlures thermiques mais une réorganisation des fibres de collagène et de l’élastine.
La transcollation s’oppose ainsi à la thermocoagulation ou bistouri électrique qui est traditionnellement utilisé par les chirurgiens pour réaliser deux gestes en un, sectionner les tissus et faire l’hémostase. « On a l’impression de faire un geste propre mais c’est un leurre car le bistouri électrique chauffe à 300 °C et brûle toutes les chaires jusqu’à 7 mm de profondeur. Lorsque le patient présente une poussée hypertensive, ça saigne partout, alors qu’avec la transcollation ce n’est pas le cas ». Mais fini le 2 en 1, la transcollation oblige à reprendre le bistouri « froid ». « C’est un peu fastidieux au début et cela nécessite un réapprentissage du geste », précise le Dr Stefan Procyk.
Moins de saignements
Les aides soignantes et les infirmières ont été les premiers témoins des améliorations spectaculaires, obligées de demander aux opérés de rester dans leur lit. Les patients sont au fauteuil le soir même, le lendemain debout avec leurs deux cannes. Le matin du 3e jour, ils quittent le service. Un séjour plus court qu’en cas d’intervention classique.
« On peut toujours faire de l’éducation thérapeutique en expliquant aux patients comment ça se passe toutes les heures en postopératoire, insiste le Dr Procyk, mais si physiquement, ils n’en sont pas capables, ils n’y arriveront pas et ça ne sert à rien. Il faut que les patients sortent sans hématome, sans anémie et avec un minimum d’autonomie. ».
Et en termes de pertes sanguines, la transcollation apparaît d’ores et déjà supérieure à la thermo-coagulation. Le volume moyen des pertes sanguines lors d’une prothèse de hanche se situe autour de 700 ml pour une chirurgie prothétique classique avec bistouri électrique contre 150 ml voire parfois seulement 50 ml, 80 ml avec ce nouveau dispositif. L’absence d’œdème local, de saignement, et l’absence de drain simplifient les soins de la plaie et les douleurs postopératoires sont également moindres.
Dossier déposé à l’ARS
Utilisé aux États-Unis depuis 2009, la transcollation n’avait jamais été utilisée jusqu’alors en France en dehors de quelques centres de chirurgie du rachis. La direction de la Clinique du Ter a déposé un dossier à l’Agence régionale de santé (ARS) pour obtenir la reconnaissance de cette nouvelle technique développée par Medtronic qui porte le nom commercial d’Aquamantis, le système ressemblant au bras de la mante religieuse.
Actuellement, plus d’une centaine de patients ont étés opérés avec cette technique sans aucune complication post-opératoire, n’y aucune réadmission.
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