En parallèle des expériences d’exposition au froid, de nombreuses équipes tentent de trouver des moyens pharmacologiques, ou de génie génétique, pour activer la graisse brune sans avoir à faire grelotter leurs sujets. Certaines équipent envisagent même de faire « brunir » les cellules adipeuses blanches. Convertir nos amas graisseux excédentaires en combustible – l’idée est certes alléchante… Si les expériences n’en sont, au mieux, qu’au stade animal, certaines équipes sont néanmoins confiantes qu’elles seront bientôt testées chez l’homme.
Parmi elles, l’équipe du Pr Marc Thibonnier, président et fondateur de la société de biotechnologie AptamiR Therapeutics, basée à Austin au Texas. Ce médecin français, ancien chef de clinique à l’AP-HP, désormais professeur à l’Université de Stanford, en Californie, propose de transformer le tissu adipeux blanc sous-cutané en tissu adipeux brun à l’aide de microARNs – ces morceaux du génome qui influencent l’expression des gènes.
L’équipe a découvert plusieurs microARNs capables de réguler le métabolisme des lipides et la thermogénèse. « J’ai passé un an devant mon ordinateur à réaliser des expériences de modélisation, pour réduire le pool des 2 500 microARNs existants dans le corps humain à quelques centaines (500) qui seraient impliqués dans la thermogènese et la lipolyse » explique le Pr Thibonnier.
Les chercheurs ont ensuite testé leurs meilleurs candidats in vitro, dans des cultures primaires d’adipocytes différenciés à partir des cellules précurseurs obtenues dans des échantillons de graisse humaine, en provenance d’opérations de liposuccion. « On y trouve beaucoup d’adipocytes, et en deux semaines on peut transformer un préadipocyte en cellule blanche, beige ou brune... Nous avons donc testé nos microARNs sur ces cellules pré-adipeuses, pour voir si elles influençaient la différenciation dans un sens ou dans l’autre. Nous avons encore réduit notre pool de candidats microARNs, que nous avons ensuite testés chez l’animal. »
In vivo, l’administration doit être réalisée sous forme d’une injection hebdomadaire localisée dans le pannicule adipeux « car les molécules ne doivent pas atteindre d’autres parties de l’organisme, comme le cœur ou les poumons » prévient le spécialiste, suivant le principe de thérapie ciblée.
Pour ses expériences, des souris ont été rendues obèses en leur offrant un régime hyperlipidique et hypercalorique pendant 7 semaines. La moitié d’entre elles ont ensuite reçu une injection de traitement par semaine pendant 8 semaines, l’autre moitié une injection de solution saline. D’après les résultats, les souris traitées ont perdu du poids et de la masse grasse tout en se donnant à cœur joie à leur régime hypercalorique. Les chercheurs ont également noté une amélioration du cholestérol, du glucose et de l’insuline circulants sur plusieurs semaines, ainsi qu’une réduction de l’infiltration graisseuse dans le foie.
« Nous avons envoyé nos travaux à la FDA qui est intéressée par notre approche et, si tout se passe bien, on devrait commencer nos premiers essais cliniques chez l’homme en 2016 », détaille le Pr Thibonnier.
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