Avec un temps d’anticipation fort approprié, au début de ce mois l’Académie américaine de chirurgie orthopédique mettait à l’ordre du jour de son congrès de nombreuses communications sur l’usage des morphiniques dans les douleurs chroniques de l’appareil locomoteur. En cette mi Mars, et l’événement est de poids, c’est le CDC qui publie ses recommandations de prescription des opiacés dans les syndromes douloureux chroniques.
De telles recommandations (guideline) destinées à améliorer la prise en charge du patient, sa sécurité, et à prévenir les addictions et les surdosages revêtent une importance cruciale car elles sont opposables et peuvent entraîner pour un praticien, en cas de transgression caractérisée, la perte de sa Licence d’exercice.
Prescriptions de première intention
Cette démarche de santé publique du CDC, habituellement mieux connu dans le domaine infectieux, s’inscrit dans une réponse d’urgence du gouvernement américain, alarmé par ce qu’il est convenu à présent d’appeler une épidémie (sans précédent historique équivalent), de morts par overdose sur le territoire américain. C’est en priorité aux médecins généralistes et urgentistes que s’adressent ces recommandations.
Ce sont en effet les prescriptions de première intention, morphiniques ou équivalentes, qui ont été identifiées comme étant le principal paramètre générateur et amplificateur de cette épidémie à fort taux de mortalité. En une quinzaine d’années ces prescriptions ont été quadruplées en volume aux États-Unis. On estime que plus de 40 américains décèdent quotidiennement d’une overdose tirant son origine d’une telle irrégularité iatrogénique.
Impliquer le patient dans la décision
Le guide à l’usage des praticiens, mis en ligne par le CDC, cherche à éviter à tout prix l’excès de prescription des morphiniques dans la douleur chronique. Cette dernière est définie comme persistant au-delà de trois mois, délais habituels de cicatrisation de la majorité des lésions tissulaires. Sont mises à part de ce cadre réglementaire, les douleurs du cancer, les soins palliatifs et l’accompagnement de fin de vie. Ce guide, en préambule, enjoint le praticien à fortement impliquer le patient dans la décision d’initiation du traitement et se structure autour de « 12 commandements » sur la base de « trois principes fondamentaux ».
La plupart des recommandations sont intuitives : toujours privilégier l’antalgique non opiacé, en cas de recours aux morphiniques, s’efforcer de conserver des posologies minimalisées, etc. Le CDC enjoint toute la communauté des soignants à participer à cet effort afin de juguler cette redoutable épidémie. Il n’est d’ailleurs pas sûr que des obstacles résiduels ne doivent persister dans cette action d’envergure, telle que la réduction à sa plus simple expression des durées d’hospitalisation postopératoires accompagnées de prescriptions antalgiques à domicile, plus difficiles à contrôler.
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