Se casser la hanche à côté d’un chirurgien orthopédiste : une provocation ou une chance ? C’est en tout cas ce qui est arrivé à mon épouse, 81 ans atteinte d’une maladie d’Alzheimer avancée…
Naturellement le raccourcissement du membre et sa rotation externe m’ont fait immédiatement appeler le 15.
Vingt minutes après, 3 pompiers munis d’un matelas coquille ont vite fait de lui faire prendre l’ascenseur exigu en position verticale.
Dix minutes plus tard nous sommes à mon port d’attache : l’hôpital où j’ai été formé.
Les urgences ? Rien n’a changé depuis les années où j’ai été chargé par la Société d’Orthopédie de faire un de ces nombreux rapports sur l’état des lieux dans l’hexagone : une salle d’attente bondée de consultants en médecine générale furieux d’attendre depuis des heures.
Nous sommes arrivés trois quarts d'heure après la chute survenue vers 20 h 30 sur le carrelage de la cuisine, ce n’est qu’à 2 heures du matin que nous verrons le médecin urgentiste qui tient la clé de la prescription de radio.
L’hospitalisation à l’étage n’interviendra que vers 10 heures. Le lendemain matin.
La rumeur de l’identité de mon épouse va accélérer la prise en charge : rencontre avec le chef de clinique responsable de l’étage, accord sur le type d’ostéosynthèse à réaliser, tout sera parfaitement exécuté. Personnel soignant attentionné et compétent, un gériatre vient même faire le point sur la situation de mon épouse.
Cinq jours se passent simplement, transfert dans un secteur hospitalier post-chirurgical 5 étoiles. Là commencent à apparaître tous les signes d’aggravation cognitive conjugués à une infection pulmonaire. Je demande au médecin de vérifier par un écho-doppler veineux que les voies sont bien libres, c’est le cas. Impossible d’alimenter la patiente elle semble souffrir de douleurs pharyngées.
Je relis avec attention le CR d’hospitalisation et je constate avec effroi que l’anesthésie intra-durale a été complétée d’une anesthésie générale avec intubation. Je pense tout à coup à ces anesthésies générales « de confort » pour le médecin anesthésiste responsable de 2 voire 3 salles d’opération en même temps.
Nous sommes à J +10, mon épouse refuse toute alimentation orale du fait de douleurs pharyngées, le foyer pulmonaire n’est toujours pas circonscrit, elle ne me reconnaît plus. Les changes de reprise de l’appui s’éloignent. Il faut probablement ne plus y penser.
Je suis le premier à savoir qu’une fracture de hanche est le vestibule du malheur chez les patients atteints d’une dégénérescence cérébrale. Mais, je me dis que le temps n’est pas encore venu où les équipes médico-chirurgicales ont bien assimilé les conséquences concrètes d’une intubation conjuguée à une intoxication chimique sur un cerveau en équilibre précaire.
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