Les patients souffrant d’insuffisance mitrale fonctionnelle disposeront-ils d’ici quelques années d’un nouveau dispositif implantable reproduisant un fonctionnement quasi physiologique de la valve mitrale ? C’est en tout cas ce qu’espèrent les médecins, chercheurs et étudiants engagés autour d’Anne-Virginie Salsac, directrice de recherche au CNRS au laboratoire biomécanique et bio-ingénierie de l’Université de technologie de Compiègne (UTC), qui viennent de présenter un nouveau prototype d’implant percutané pour réparer la valve mitrale.
Imaginé en 2014 par le Pr Jean-Paul Couetil, chef du service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire au CHU Henri Mondor de Créteil (AP-HP) et le Dr Éric Bergoënd, également chirurgien cardiaque à Mondor, ce prototype a pu voir le jour grâce à un partenariat avec le laboratoire d’Anne-Virginie Salsac et l’implication de plusieurs groupes pluridisciplinaires d’étudiants de l’UTC.
Agir sur les deux composantes de l’insuffisance mitrale
Le dispositif est constitué de deux éléments : « une mâchoire que l’on va positionner au centre du feuillet postérieur de la valve grâce à un système de verrouillage et de fixation et un ballonnet que l’on pourra gonfler en fonction de la morphologie du patient », indique Anne-Virginie Salsac. L’idée étant de rétablir l’étanchéité de la valve mitrale grâce au ballonnet gonflable.
Si des dispositifs similaires existent déjà, notamment le MitraClip (Abbott) avec plus de 50 000 implantations à travers le monde en 2018 et le Pascal (Edwards Lifesciences), ils sont, selon le Dr Bergoënd, encore imparfaits. « La principale difficulté de la prise en charge de l'insuffisance mitrale fonctionnelle réside dans le fait que c’est une pathologie à plusieurs composantes : un anneau mitral qui se dilate et des cordages qui tirent sur les feuillets de la valve, le tenting mitral, précise-t-il. Or, ces solutions chirurgicales, tout comme le remplacement ou la réparation valvulaires, n’agissent que sur la dilatation de l’anneau mitral, pas sur le tenting », indique-t-il. Le MitraClip, une pince reliant les deux feuillets en leur milieu, favorise ainsi le contact entre ces feuillets mais sans garantir une étanchéité absolue, « ce qui perturbe le fonctionnement de la valve et l’écoulement sanguin », souligne le cardiologue.
Le nouveau dispositif mis au point par l’UTC, lui, n’est à clipser que sur un des deux feuillets. Avec des avantages majeurs : « cela réduit le temps d’intervention chirurgical par rapport à un dispositif à positionner sur les deux valves », indique Anne-Virginie Salsac. « Le feuillet antérieur est laissé libre, il va donc atteindre naturellement, l’objectif car il est en contact de l'implant en systole, réduisant au maximum les fuites et permet ainsi un passage du sang le plus physiologique possible », ajoute-t-elle. Enfin, « on peut minimiser la fuite, en choisissant la taille du ballonnet que l’on va implanter en fonction de celle du cœur puis en jouant in situ sur ce ballonnet en le gonflant pour qu’il s’adapte totalement à la morphologie du patient », précise la scientifique.
En attendant la phase d’industrialisation
Ce prototype, breveté en France en septembre 2019, a déjà été testé in vitro sur des valves bioartificielles saines puis rendues pathologiques pour reproduire l’insuffisance mitrale fonctionnelle. « L’idée est maintenant de développer un modèle numérique permettant d’optimiser ce dispositif comme la forme du ballonnet », précise Anne-Virginie Salsac. Des travaux déjà engagés par un thésard de l’UTC, en partenariat avec l’entreprise Segula Matra Automotive. « Il faudra ensuite passer à la phase d’industrialisation avant de le tester chez l’animal puis chez l’Homme », ajoute la chercheuse. Deux options sont d’ores et déjà envisagées : la création d’une start-up ou un partenariat industriel « pour mettre ce dispositif sur le marché le plus rapidement possible », espère Anne-Virginie Salsac.
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