Un stress intense peut provoquer les symptômes d’une crise cardiaque. Le Tako-Tsubo, ou syndrome du cœur brisé, est une pathologie du cœur distincte de l’infarctus et qui guérit normalement sans lésions permanentes.
De plus en plus diagnostiqué dans les hôpitaux, le Tako-Tsubo a été décrit pour la première fois dans les années 1990 par des cardiologues japonais. « Il s’agit d’une sidération d’une partie du cœur, sous l’influence d’un stress important provoquant la libération de grandes quantités d’hormones, dont l’adrénaline », explique le Pr Éric Bonnefoy Cudraz, chef du service d’urgences cardiaques de l’hôpital Louis Pradel des Hospices civils de Lyon.
Lors de la contraction, le cœur prend la forme d’un pot en céramique utilisé par les pêcheurs japonais pour piéger les poulpes, le Taku-Tsubo, d’où le nom de la pathologie. Le ventricule gauche s’immobilise et gonfle comme un ballon, provoquant des symptômes comparables à un infarctus : douleur thoracique, sensation d’oppression, difficultés respiratoires et palpitations. Néanmoins, une coronarographie montrera des coronaires saines. « La première chose à laquelle on pense suite à une douleur thoracique, c’est à l’infarctus du myocarde. Mais face à des coronaires normales, on peut penser au Tako-Tsubo. Une IRM complémentaire permet de le diagnostiquer et des analyses sanguines révélant un taux important de troponine témoignent de la souffrance du cœur », détaille le Pr Bonnefoy Cudraz.
Une pathologie essentiellement féminine
Une étude américaine menée sur 1750 patients de 1998 à 2014 a montré que cette pathologie avait une origine émotionnelle dans 30 % des cas : deuil, grande joie, colère, divorce, licenciement, etc. Les autres cas sont liés à un stress physique : agression, choc, crise d’épilepsie. La maladie touche principalement des femmes, dans 90 % des cas, avec un âge moyen de 66 ans. Le Tako-Tsubo toucherait 2,2 % de la population. « Dans notre service d’urgence, nous en identifions une cinquantaine par an, sur 2 000 à 3 000 douleurs thoraciques », précise le Pr Bonnefoy Cudraz.
Michèle Telle, 66 ans, a subi un Tako-Tsubo en juin 2017. « J’ai été très surprise de retrouver ma fille, rentrée d’Australie pour une fête de famille, témoigne-t-elle. J’ai alors ressenti une douleur dans la poitrine et je me suis isolée, ne voulant pas gâcher la fête. Mais en fin de journée j’étais vraiment trop mal et nous avons appelé le SAMU. Aux urgences cardiologiques, ils ont d’abord pensé à un infarctus, mais après la coronarographie ils m’ont expliqué que c’était un Tako-Tsubo. Je suis restée quatre jours en soins intensifs ».
Il n’existe pas vraiment de traitement pour le Tako-Tsubo et les médicaments administrés sont plutôt des traitements symptomatiques : bêta-bloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, permettant de soutenir la restauration de la fonction cardiaque, voire un anticoagulant qui peut être prescrit temporairement.
Le patient guérit complètement après quelques jours ou quelques semaines, sans lésions permanentes. Environ 1 % des patients hospitalisés pour un syndrome du cœur brisé en décèdent. D’où l’importance d’éviter les situations de stress et d’apprendre à les gérer.
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