Une équipe de chercheurs a analysé l'évolution des mortalités intra et extrahospitalières au sein de trois registres français de cardiopathies ischémiques (Monitoring trends and determinants in cardiovascular disease, Monica) : celui de Lille et de sa métropole, de Strasbourg (Bas Rhin) et de Toulouse (Haute Garonne). Ces registres réunissent près de 1,7 million de Français âgés de 35 à 74 ans. Les chercheurs ont analysé tous les décès par SCA survenus entre janvier 2004 et décembre 2018, et leur évolution sur cette période.
Plus de 17 000 décès analysés
Entre 2004 et 2018, 17 487 décès par syndromes coronariens ont été enregistrés dans ces trois registres, chez des sujets de 35 à 74 ans. Parmi eux, 5 178 (soit 29,6 %) sont intervenus en intrahospitalier, et 12 309 (soit 70,4 %) en extrahospitalier dont 90 % à domicile. Les décès considérés comme extrahospitaliers sont ceux survenant à domicile, dans un lieu public, l'ambulance, ou au sein de services de soins non équipés (établissements psychiatriques, services de soins de suite et réadaptation). Ils concernent également les sujets arrivés en arrêt cardiorespiratoire et en échec de réanimation.
Les décès extrahospitaliers touchent des personnes sensiblement plus jeunes (âgé médian de 62 ans en extrahospitalier versus 66 ans en intrahospitalier). Ils surviennent aussi plus rapidement : 50 % de décès dans l'heure suivant l’apparition des symptômes en extrahospitalier contre 15 % en intrahospitalier. Enfin, les trois quarts des décès extrahospitaliers ont lieu chez des personnes sans antécédents de maladie coronaire (76 % des cas en extrahospitalier versus 48 % en intrahospitalier).
Un recul plus important des décès intrahospitaliers
L'analyse de l'évolution de ces mortalités coronaires intra et extrahospitalières a été réalisée après standardisation sur la population française de 2011. Les interactions entre les mortalités et l'année, le centre, le sexe et le lieu de décès (intra versus extrahospitalier) ont aussi été recherchées. « Les résultats montrent que la mortalité par SCA continue à baisser, du moins dans la tranche d'âge étudiée. Les taux de mortalité standardisés parmi la population ont reculé de près de 40 %. On est passé de 150 à 96 décès pour 100 000 hommes et de 53 à 32 décès pour 100 000 femmes. La mortalité intrahospitalière est celle qui a le plus reculé : -3,9 % par an en moyenne (versus -3,4 % par an en extrahospitalier). Ainsi, la part de la mortalité extrahospitalière par SCA (où neuf décès sur dix ont lieu à domicile) a augmenté, passant de 69 % à 72 % chez les 35-74 ans entre 2004 et 2018 », résument les auteurs.
Des disparités géographiques
La diminution des décès intrahospitaliers est plus importante qu'en extrahospitalier à Lille (-3,9 % par an versus -2,6 % par an) et à Strasbourg (-3,9 % par an versus -2,4 % par an). A contrario le registre de Toulouse enregistre un recul de mortalités moins fort en intrahospitalier qu'en extrahospitalier (-3,5 % versus -5,5 % par an). Cela pourrait s’expliquer par la mortalité extrahospitalière particulièrement élevée en 2004 (75 % versus 65 % dans les deux autres registres). « Ceci est probablement lié au fait que ce registre toulousain couvre au Sud une zone rurale montagneuse difficile d'accès, ayant possiblement bénéficié d'une amélioration des délais de prise en charge (hélicoptères, par exemple) », suggèrent les auteurs.
Plus de transferts hospitaliers vers les services de réanimation/USIC/cardiologie
À l'hôpital, près de 70 % des décès surviennent en services de réanimation, de cardiologie, ou en Unités de soins intensifs cardiologiques (USIC). Les 30 % de décès survenant dans les autres services (pneumologie, cancérologie…) touchent des patients significativement plus âgés (67 ans versus 65 ans d'âge médian), dont près des deux tiers ont plus de 65 ans (61 % versus 54 %). Seuls 7 % des décès par SCA se produisent à moins d'une heure du début des symptômes, en réanimation/USIC/cardiologie. Ce taux s’élève à 35 % dans les autres services.
De plus, durant la période étudiée, la mortalité par SCA a davantage reculé dans les autres services (-8,2 % par an) qu’en réanimation/USIC/cardiologie (-1,9 % par an). Ceci correspond à une augmentation de la contribution des services de réanimation/USIC/cardiologie à la mortalité intrahospitalière. Le recul plus élevé de la mortalité par SCA dans les autres services est donc très probablement le reflet d'un transfert plus important et précoce des patients en réanimation/USIC/cardiologie.
(1) Biasch K et al. Tendances de mortalité intra et extra hospitalières par SCA chez les 35-74 ans dans les 3 registres français de cardiopathies ischémiques : résultats sur la période 2004-2018. BEH 2022;26:488- 99
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