La vaccination devrait être considérée comme l’un des piliers de la prévention cardiovasculaire des patients atteints de pathologies chroniques, aux côtés d’autres mesures comme les statines ou l’intervention sur le mode de vie, selon un consensus publié par la Société européenne de cardiologie (ESC) dans le European Heart Journal. « Cela fait maintenant des années que l’on sait que la grippe augmente le risque d’incident cardiovasculaire tel que l’infarctus du myocarde », affirme le Pr Thomas Lüscher, actuel président de l’ESC et auteur principal.
Dans leur article, les spécialistes décrivent les données disponibles concernant le risque de complications cardiovasculaires associées à une infection par le pneumocoque, la grippe, le Sars-CoV-2 et le virus respiratoire syncytial (VRS). Ils explicitent aussi les mécanismes impliqués : les voies de signalisation pro-inflammatoires, la déstabilisation des plaques coronaires, l’augmentation des besoins myocardiques en oxygène et le risque d’ischémie consécutif. Par ailleurs, les virus Influenza peuvent directement infecter l’endothélium coronaire et perturber son métabolisme. Des études ont également montré que le virus de la grippe A H3N2 peut persister dans les plaques d’athérosclérose et dans le myocarde jusqu’à plusieurs semaines après l’infection.
La grippe augmente les hospitalisations en cas de cardiopathie
Selon une étude de cohorte menée aux États-Unis en 2024, environ 3 % des décès et 5 % des hospitalisations pour grippe ou pneumonie touchent chaque année des patients insuffisants cardiaques. Par ailleurs, une analyse de la base de données sur le risque athérosclérotique dans les communautés (ARIC) montrait qu’une augmentation de 5 % de l’activité grippale dans la population générale est associée avec une hausse de 24 % des hospitalisations dans la population atteinte de cardiopathie chronique.
Selon les résultats de l’étude polonaise Flucad et d’une méta analyse américaine, la vaccination contre la grippe diminue de 30 % le risque d’accident cardiovasculaire majeur. Le recours à des doses supérieures de vaccin antigrippal pourrait protéger plus efficacement contre les évènements cardiovasculaires, selon des données préliminaires. Plusieurs essais en cours cherchent à le vérifier.
Le Covid et les pneumocoques également concernés
De plus, les patients atteints de pathologies cardiovasculaires ont un risque augmenté de développer une forme grave ou prolongée de Covid. On estime que la vaccination réduit ce risque de 43 %. La vaccination contre les infections invasives à pneumocoques réduit, elle, de 10 % le risque d’incident cardiovasculaire selon une méta analyse canadienne de 2020.
L’article comprend aussi des recommandations pratiques conjointes de l’ESC, du Collège américain de cardiologie et de l’American Heart Association (AHA), qui proposent de vacciner de manière systématique toutes les personnes atteintes de syndrome coronarien chronique ou d’insuffisance cardiaque. L’ESC émet une recommandation de classe IA (même niveau que pour les statines) à la vaccination saisonnière contre la grippe et estime que les stratégies déjà mises en place pour vacciner les personnes à risque sont encore largement insuffisantes.
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