DE NOTRE CORRESPONDANT
COMPOSANT ESSENTIEL des membranes cellulaires, la choline, en tant que donneur de groupe méthyl, a aussi un rôle bien connu dans la méthylation de l’ADN*. Ce qui amène à penser que les altérations observées au niveau de l’hippocampe foetal lors de la carence en choline maternelle pourraient être en relation avec des anomalies de la méthylation de l’ADN des progéniteurs neuronaux (NPC) de l’hippocampe. Mais comme le développement embryonnaire du système nerveux repose sur une coordination entre la neurogenèse et l’angiogenèse, les chercheurs de l’Université de Caroline du Nord ont exploré l’impact de la carence maternelle en choline sur cette dernière.
Des cerveaux de foetus de souris ont été examinés entre 12 et 17 jours de gestation en comparant des alimentations plus ou moins riches en choline chez les souris gravides. Les Américains observent que la carence en choline (5 microM de chlorure de choline) dans l’alimentation des souris gravides accroît l’expression des ARNm de deux molécules de signalisation de l’angiogenèse, le Vegf (Vascular Endothelial Growth Factor, expression augmentée de 9,7, p < 0,001) et l’Angpt2 (angiopoïétine 2, expression augmentée de 3,4, p < 0,05) au niveau des progéniteurs neuronaux fœtaux, par rapport aux animaux contrôles (70 microM de choline). Cette carence réduit, par ailleurs, de 32 % l’indice de prolifération des cellules endothéliales au niveau du gyrus dentelé de l’hippocampe foetal par rapport aux contrôles et aux animaux à alimentation enrichie en choline (280 microM de choline), mais elle affecte aussi le nombre de vaisseaux sanguins formés au niveau de l’hippocampe fœtal (réduction de plus de 25 % par rapport aux autres groupes de rongeurs).
Ces travaux montrent donc que la carence en choline dans l’alimentation de souris gravides a un impact sur la formation des vaisseaux sanguins au niveau du cerveau fœtal en réduisant la prolifération des cellules endothéliales. Cet effet semble s’expliquer par une hypométhylation de l’ADN au voisinage des promoteurs de deux gènes régulateurs de l’angiogenèse (Vegf et Angpt2), qui se traduit par une surexpression de ces gènes. Cette surexpression induit une accélération de la différenciation des cellules endothéliales, ce qui affecte leur prolifération, d’où résulte un appauvrissement en vaisseaux sanguins à l’étage de l’hippocampe.
Ces observations sont importantes, souligne l’équipe de Steven Zeisel, quand on sait que 14 % seulement des femmes enceintes aux États-Unis ont des apports adéquats en choline et que le risque de malformations congénitales est quadruplé chez les enfants des femmes ayant des apports trop bas. Dans ce contexte, la constatation d’une réduction de l’angiogenèse au niveau de l’hippocampe fœtal, couplée aux anomalies de la neurogenèse déjà observées auparavant (Albright et coll., 2005 ; Zeisel et coll., 2003), devrait attirer l’attention sur le rôle essentiel d’apports suffisants en choline chez la femme enceinte.
MG Mehedint, CN Craciunescu, SH Zeisel. Maternal dietary choline deficiency alters angiogenesis in fetal mouse hippocampus. Proc Natl Acad Sci USA (2010) Publié en ligne
* La méthylation des cytosines modifie la conformation de la molécule d’ADN et elle est, en règle, associée à une répression transcriptionnelle.
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