POUR MENER CETTE 1ÈRE MISSION demandée par le Ministère de la Santé, la HAS a dû mettre au point un modèle d’évaluation médico-économique. Elle espère qu’il lui servira de base de travail. A partir d’octobre 2013, la nouvelle mission de la HAS va être « d’évaluer l’efficience médico-économique des produits de santé prévisible ou supposée lors de la primo-inscription et constatée lors la réévaluation » explique le Président de la HAS, Jean-Luc Harousseau. Elle s’adresse aux produits innovants pour lesquels un service médical rendu important (de 1 à 3) est demandé ou qui entrainent des modifications de prise en charge.
14 millions de personnes.
Pourquoi le ministère a-t-il demandé un travail sur les antihypertenseurs ? L’HTA est un problème majeur de santé publique : 1,2 million de nouveaux cas par an en France, 14 millions de personnes atteintes, plus de 2 milliards par an de dépenses, en repli de 150 millions l’an dernier, grâce à l’apparition de génériques.
Comparer différents traitements doit être éthique et ne pas faire perdre de chance au patient. C’est le cas : la HAS a examiné 5 classes d’antihypertenseurs (diurétiques thiazidiques, inibiteurs calciques, IEC et ARAII) reconnues par les sociétés savantes comme efficaces et équivalentes à quelques nuances près. Des praticiens en charge de patients hypertendus (cardiologues, généralistes, gériatres, hypertensiologues et néphrologues) et des économistes ont participé à des groupes de travail analysant de façon exhaustive l’efficacité des médicaments, la tolérance et la persistance des traitements. Des données de remboursement de l’assurance maladie ont servi à des études rétrospectives sur les primo-prescriptions et la façon dont les traitements sont pris. Elles ont permis d’élaborer et d’alimenter un modèle intégrant des situations complexes de prise en charge. Ce modèle assimilable à un logiciel permet d’étudier de façon prospective le devenir d’un patient dans le temps depuis sa situation de référence lorsqu’à 65 ans son HTA est non compliquée, jusqu’à son décès. Il prend en compte 25 états différents (âge, sexe, complications…) et 18 stratégies de prise en charge (traitement abandonné, monothérapies, ajustements thérapeutiques nécessités par des complications …). Le modèle a ensuite intégré le coût des médicaments en juillet 2012 pour conclure ou non à l’efficience, c’est-à-dire au bon rapport coût-bénéfice.
Résultats :
• Il faut traiter l’HTA non compliquée de l’adulte par des médicaments : c’est efficace et efficient. Le coût des complications est très supérieur à celui des traitements. De nombreux patients abandonnent le traitement dans la 1ere année : dans les 12 mois qui suivent la première prescription, 28 % n’ont pas de remboursement. La HAS rappelle l’importance de mettre en place des mesures hygiéno-diététiques.
• Les bétabloquants ne sont pas efficients dans l’HTA non compliquée, mais le deviennent en cas de pathologie cardiaque ischémique ou insuffisance cardiaque.
• La HAS considère que les 4 autres classes DIU, inhibiteurs calciques, IEC et ARAII ont une place dans le traitement de l’HTA non compliquée mais ne sont pas équivalentes en terme d’efficience (rapport coût-bénéfice) : seuls les thiazidiques, les IEC et les inhibiteurs calciques sont efficients au moment de l’évaluation.
• Les ARAII ne sont pas efficients en raison de leur coût (2 fois plus élevé que les autres classes) en juillet 2012 : le léger bénéfice en terme de persistance de traitement (13% de réduction du risque d’arrêter et 11% pour les IEC par rapport aux thiazidiques) ne s’observe qu’en prévention primaire et ne suffit pas à contrebalancer la différence de prix. Le jeu n’en vaut pas la chandelle, or ils représentent 38% des primo-prescription en médecine générale.
Cette analyse coût-bénéfice pourra être réévaluée si le prix des ARAII baisse, en particulier grâce à l’arrivée des génériques pour la majorité d’entre-eux.
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