Après avoir participé à l’expérimentation du master « Infirmier en pratique avancée » en gérontologie au sein de l’université de Marseille, Loriane Saliège a fait partie de la première promotion d’infirmières en pratique avancée (IPA) diplômées de la Faculté de Paris en 2019. « Dans le cadre de l’expérimentation, j’étais intervenue en cardiologie pour réaliser des évaluations gériatriques pré-interventionnelles. Ensuite, préalablement à l’obtention du diplôme, j’ai choisi de réaliser mon stage dans un cabinet libéral de cinq cardiologues à Nîmes et c’est là que tout a commencé ! », explique-t-elle. Le Dr Marc Villaceque se montre à la fois curieux et enthousiaste à l’idée de l’accueillir et toute l’équipe (1) travaille à une intégration optimale de cette nouvelle ressource soignante dans le suivi des pathologies cardiaques chroniques.
Partage d’outils
Diplômée, Loriane Saliège partage son activité entre l’hôpital privé Les Franciscaines et les cardiologues libéraux, « un choix cohérent pour renforcer les liens ville-hôpital », commente-t-elle. Au sein du cabinet, elle se forme un jour par semaine à l’insuffisance cardiaque et développe très vite un parcours pour les patients concernés par cette maladie, en y intégrant le dépistage des fragilités : fiches de consultation, algorithmes décisionnels inspirés de la pratique des infirmiers spécialisés en insuffisance cardiaque, mise en place de la télésurveillance, outils dédiés à la fibrillation atriale...
Sollicitée aux côtés du Dr Marc Villaceque pour intervenir dans différents congrès de cardiologie, tous deux détaillent cette pratique nouvelle « et surtout la plus-value de notre collaboration dans un cadre libéral », précise-t-elle. Très vite, ils reçoivent des demandes de stages de la part d’étudiants et d’IPA souhaitant mettre en œuvre cette nouvelle façon de travailler et décident de partager, gratuitement, leur méthodologie (2).
La « Mallette », qui est aussi utilisée dans les facultés qui forment les IPA, détaille, en 135 pages, de nombreuses questions administratives et médicales : installation en libéral, prise en charge des patients IC, actes réalisables par une IPA, titration des traitements de l’insuffisance cardiaque, échelles et scores d’évaluation des facteurs de risques cardiovasculaires dans le cadre d’une prise en soins, paramètres de la spirométrie, etc.
Un nouveau modèle d’HDJ
Aujourd’hui, Loriane Saliège a réduit son activité à la clinique à une journée, après avoir travaillé, pendant un an à la création d’un modèle d’hôpital de jour. « Je réalisais des bilans Tavi tous les jours à la demande des cardiologues interventionnels. Or, en l’absence de critère d’urgence, il est apparu plus intéressant d’éviter l’hospitalisation et de proposer la réalisation de ces examens en ambulatoire. Nous avons associé les professionnels de ville à cette structuration organisationnelle et partagé certaines méthodes de travail, comme le fait de réaliser le bilan sanguin en amont », témoigne-t-elle.
Si, au chapitre des facteurs de succès, figurent la volonté d’innover et de coopérer, Loriane Saliège insiste également sur l’importance pour les IPA de « se créer une place ».
« Lorsque j’ai démarré l’expérimentation d’IPA, je ne disposais d’aucune information sur notre futur statut ou notre rémunération. J’étais surtout intéressée par l’acquisition de connaissances et l’amélioration des prises en soins. Lorsque le décret est paru, j’ai eu le sentiment d’une « survente » de notre métier, car notre place n’est pas acquise. Nous devons la construire, donc faire connaître notre plus-value, créer des relations de confiance avec les médecins et les patients, tout en sachant jusqu’où aller. Le facteur temps est aussi très important. »
Des ajustements de pratique ont par exemple été proposés pour expliquer aux personnes malades les modalités de ce nouveau suivi. « Elles ne savent pas ce qu’est une IPA et, au départ, certaines ne sont pas venues à la consultation parce qu’elles avaient déjà une infirmière ! Nous avons donc inclus des séances de présentation de mon activité en présence du cardiologue. Nous avons également informé les médecins généralistes de la ville de Nîmes lors de la présentation de balances connectées dans le cadre de la télésurveillance. Nous envisageons même d’élargir la coopération en alternant les consultations chez le cardiologue, chez l’IPA et chez le généraliste », se réjouit Loriane Saliège. L’équipe nîmoise n’a pas fini d’innover.
(1) Dr Madeleine Rubini, Dr Marie-Eve Gourdon-Laborie, Dr Marc Kochoyan, Dr Stéphane Nguyen
(2) https://vaincrelinsuffisancecardiaque.org/wp-content/uploads/2024/07/OutilIC2-Collaboration-IPA-liberal-cardio-hopital-CardioNimesSud.pdf L’outil peut également être téléchargé sur le site du Syndicat des cardiologues.
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