Les patients récemment admis pour une insuffisance cardiaque aiguë sont à haut risque de rechute et d’aggravation, et ainsi de réhospitalisation, voire de décès. D’où l’importance d’une surveillance rapprochée.
La télésurveillance au domicile du patient suscite de plus en plus d’engouement. Des arguments économiques mais aussi médicaux sont avancés. Des études ont suggéré son intérêt pour la détection précoce d’arythmies. Et, en 2023, une métaanalyse a montré une réduction des hospitalisations et des décès chez les patients insuffisants cardiaques suivis à distance. Cependant, ce travail ne distinguait pas les patients stables ou instables, aussi l’impact réel de la surveillance à domicile chez les patients ayant récemment manifesté une décompensation d’insuffisance cardiaque — les plus à risque — demeurait flou, qui plus est à long terme.
Pour s’assurer des bénéfices de cette télésurveillance sur le pronostic de ces patients, une nouvelle métaanalyse d’essais randomisés contrôlés a comparé la surveillance à distance avec le standard de soins chez des patients admis pour insuffisance cardiaque aiguë dans les six mois précédant leur recrutement (1). 16 études concernant au total plus de 4 600 individus — dont près de 2 400 ont été suivis à distance pendant 6 à 15 mois — ont été incluses. Ces patients étaient en majorité des hommes (69 %), âgés de 56 à 80,9 ans.
Mortalité cardiovasculaire réduite de moitié en cas de télésurveillance
Dans ces études, le standard de traitement comparateur consistait généralement en des consultations physiques régulières, doublées d’autres mesures (appels, autosurveillance du poids ou d’autres paramètres, etc.) alors que la télésurveillance à domicile était définie par des appels téléphoniques récurrents, une mesure fréquente des paramètres vitaux (poids, fréquence cardiaque, pression artérielle), des appels visio, l’utilisation d’un stéthoscope électronique, etc.
Résultat : en comparaison au suivi standard, la télésurveillance à domicile était bien associée à un meilleur pronostic, avec un moindre risque d’hospitalisation toutes causes (RR = 0,82), pour cause d’insuffisance cardiaque (RR = 0,75), ou pour cause cardiovasculaire (RR = 0,72). Une moindre mortalité toutes causes (RR = 0,75) et surtout de cause cardiovasculaire (RR = 0,53) était aussi enregistrée.
Toutefois, en cas d’hospitalisation, le suivi à domicile n’avait pas d’impact sur la durée du séjour à l’hôpital.
Quoi qu’il en soit, selon les auteurs, ces résultats « soutiennent la mise en place de la surveillance à domicile comme une pratique standard. »
Des études en vie réelle et à long terme requises
La publication souligne toutefois le besoin de s’assurer de l’efficacité et de la sécurité de cette télésurveillance en vie réelle.
Et d’autres limites se dégagent. Citons l’hétérogénéité du standard de soin et des interventions de suivi à domicile utilisées dans les études. Or, toutes les approches de suivi à domicile semblent ne pas se valoir. Selon la publication, « les résultats stratifiés selon les modalités de suivi à domicile soulignent des bénéfices significatifs dans les études utilisant des mesures des signes vitaux plus un suivi par appels téléphoniques, en particulier sur les hospitalisations toutes causes (…) (et) la mortalité cardiovasculaire. »
Par ailleurs, seuls des résultats à 6 à 15 mois post-décompensation ont pu être analysés : des résultats à bien plus long terme continuent de manquer.
(1) Mariana R.C. Clemente, Nicole Felix, Denilsa D.P. Navalha, et al. Long-term impact of home-based monitoring after an admission for acute decompensated heart failure : a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. EClinicalMedicine. 2024 Mar 19:71:102541
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