Près de 20 ans après, les pompiers de la ville de New York ayant participé aux opérations de sauvetage lors de l'attentat du World Trade Center continuent de payer un lourd tribut. Selon une étude épidémiologique publiée dans le « JAMA Network Open » par les chercheurs de l'école de médecine Albert-Einstein et le département de lutte contre les incendies de la ville de New York, les premiers soldats du feu entrés dans les bâtiments en flamme ont une augmentation du risque de pathologie cardio-vasculaire de 44 %, en comparaison à ceux arrivés plus tardivement sur les lieux. Ce sur-risque serait principalement lié à une exposition prolongée aux fumées et à une quantité accrue de poussières et de cendres en suspension.
Ce sur-risque restait significatif en prenant en compte différents facteurs de risque : âge, hypertension, taux élevé de cholestérol, diabète et tabagisme. Selon le Dr David Prezant, de l'école Albert Einstein de médecine, ces nouvelles données « sont une preuve de la nécessité d'inscrire les maladies cardio-vasculaires sur la liste des pathologies prises en charge dans le cadre du James L. Zadroga 9/11 Health and Compensation Act ». Cette loi a été votée pour assurer le financement et l'organisation du suivi et des soins à destination de tous les agents victimes des conséquences des attentats du 11 septembre.
Premiers arrivés, premiers servis
L'étude a porté sur 9 797 pompiers qui sont intervenus sur le site du World Trade Center lors des attentats. Les chercheurs ont constitué 4 groupes : un premier groupe de pompiers arrivés sur le site au matin du 11 septembre, un deuxième groupe arrivé au cours de l'après-midi, un troisième groupe intervenu pour fouiller les décombres le 12 septembres, et un dernier groupes intervenu le 13 et le 14. L'avantage de cette approche est qu'elle permet d'évaluer l'impact d'un niveau d'exposition entre des groupes de patients par ailleurs très homogènes : majoritairement blanc, non-fumeur (74 %), et âgés en moyenne de 40 ans au moment des faits.
Le calcul des prévalences des pathologies cardiologiques se base sur l'examen des dossiers médicaux accumulés au cours des 16 dernières années, ainsi que sur des examens prospectifs et des interrogatoires. Les maladies cardiovasculaires recherchées incluaient l'infarctus du myocarde, l'AVC, l'angor non stable, un antécédent d'angioplastie ou un décès d'origine cardiovasculaire.
Les pompiers du premier groupe avaient un sur-risque de 44 % d'événement cardiovasculaire en comparaison à celui observé dans les groupes 3 et 4. Les chercheurs ont également relevé que ceux qui ont travaillé sur le site pendant plus de 6 mois, dans le cadre d'opération de déblaiement et de recherche des corps avaient une augmentation du risque d'événement cardiovasculaire de 30 % en comparaison à celui observé chez ceux qui y ont travaillé pendant moins de 6 mois.
De nombreux travaux démontrent les conséquences sanitaires à long terme du 11 septembre : pathologies respiratoires, syndrome post-traumatique et même certains cancers. En 2018, une étude également conduite par les départements de lutte contre l'incendie avait ainsi identifié un possible sur-risque de myélome chez les pompiers impliqués dans les opérations de secours lors des attentats du 11 septembre.
Peu d'études avaient cependant porté jusqu'à présent sur les conséquences pour la santé cardiovasculaire, et leurs résultats restaient contradictoires, « principalement parce qu'elles reposaient sur les résultats d'auto - questionnaires », estiment les auteurs de l'étude du « JAMA Network Open ».
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