LE PR Jean-Charles Soria (Institut Gustave-Roussy, Villejuif) a présenté au 24e congrès EORTC-NCI-AACR le travail de son équipe, à savoir un essai de phase I avec un inhibiteur spécifique de FAK dans le mésothéliome.
On sait que le gène NF2, qui code la protéine merlin, est fréquemment inactivé dans environ 50 % de mésothéliomes. On sait aussi que, dans le mésothéliome, la protéine merlin régule négativement une autre protéine appelée FAK (Focal Adhesion Kinase). Ce qui fait que quand NF2 et merlin sont inactivés, l’activité de FAK est accrue ; le mésothéliome peut alors devenir invasif et disséminer. En revanche, quand l’activité de NF2 et de merlin est restaurée, l’activité de FAK diminue, ainsi que l’invasion cellulaire.
Des travaux précliniques ont montré qu’une molécule connue sous son nom de code GSK2256098 est un puissant inhibiteur spécifique de FAK.
L’étude de phase I a été réalisée à partir de juillet 2010 dans 9 centres en France, en Australie et au Royaume-Uni auprès de 29 patients atteints d’un mésothéliome progressant rapidement malgré des traitements antérieurs. L’étude est toujours en cours.
Dans ce travail, les patients ont reçu le GSK2256098 par voie orale sous forme de capsules, deux fois par jour, à des doses allant de 300 à 1 500 mg, la majorité des patients (22) en prenant 1 000 mg/j.
Résultat : on n’a pas observé de réponse complète ou partielle ; 14 patients ont eu une stabilisation de la maladie ; 9 ont eu une progression ; chez 3, la maladie n’était pas mesurable ; 3 sont sortis de l’étude avant l’évaluation de la réponse. Globalement, il y a eu un délai de 17 semaines avant la progression de la maladie.
Cela dit, chez les patients ayant une inactivation de merlin, le délai moyen avant la progression de la maladie était de 24 semaines, contre 11 chez les patients dont la protéine merlin était active et presque 11 semaines chez les patients chez lesquels l’activité de merlin était inconnue.
« Ces résultats sont importants mais préliminaires, a indiqué le Pr Soria. Ils montrent que merlin est un biomarqueur potentiel dans le mésothéliome, qui peut nous permettre d’identifier un sous-groupe de patients qui pourraient bénéficier de GSK2256098 et avoir une survie sans progression plus longue. »
D’autres essais, de plus grande envergure, sont nécessaires pour confirmer ces résultats. De plus, d’autres cancers comme le mélanome et le méningiome ont une perte de fonction de NF2 et de merlin. Les chercheurs essaient donc de savoir si les résultats de cet essai pourraient se retrouver dans d’autres cancers.
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