DEUX ÉTUDES parues dans le New England Journal of Medicine apportent une pierre de plus à l’édifice de « la médecine à la carte », de la personnalisation du traitement. Ici, dans les deux cas, il s’agit de travaux portant sur la chimiothérapie du cancer pulmonaire non à petites cellules par inhibiteurs de la tyrosine kinase. Si les molécules proposées diffèrent dans les deux études, les conclusions se rejoignent sur la recherche d’une mutation du gène EGFR (récepteur du facteur de croissance épidermique). Elles montrent qu’elle prédit la bonne sensibilité thérapeutique du patient.
La première étude a été menée dans l’Est asiatique, par Tony S. Mok et coll. Elle comparait le gefitinib, inhibiteur de la tyrosine kinase, à l’association carboplatine-paclitaxel. Le premier objectif était chez ces 1 217 patients atteints d’un cancer pulmonaire non à petites cellules, d’analyser la survie sans progression à 12 mois. À noter qu’il s’agissait de non-fumeurs ou d’anciens petits fumeurs. De fait le gefitinib s’est montré supérieur au comparateur avec un risque relatif de 0,74 pour la progression ou le décès. Une mutation du gène EGFR a été mise en évidence dans un sous-groupe de 261 patients. Ici encore, l’inhibiteur de la tyrosine kinase a permis une prolongation significative de la survie sans progression par rapport à l’association carboplatine-paclitaxel. Le risque relatif était alors évalué à 0,48 pour la progression ou le décès. À l’inverse dans un sous-groupe de 176 patients non porteurs de la mutation, le bénéfice thérapeutique a été inversé. La survie sans progression était significativement plus longue dans le groupe sous l’association thérapeutique, avec un risque relatif pour ceux sous gefitinib à 2,85.
Délétion de l’exon 19 et mutation L858R.
La seconde étude arrive d’Espagne. Rafael Rosell et coll. ont recherché deux mutations de l’ EGFR chez 2 105 patients, dans 129 centres, entre avril 2005 et novembre 2008. Chez 350 patients (16,6 %) une mutation a été mise en évidence. Il s’agissait plus souvent d’une femme (69,7 %), d’un non-fumeur (66,6 %) et d’un adénocarcinome (80,9 %). Dans 62,2 % des cas la mutation était une délétion de l’exon 19 et dans 37,8 % une mutation L858R. Chez les patients recevant de l’erlotinib et porteurs d’une mutation la survie sans progression et la survie globale ont été respectivement de 14 et 27 mois, ce qui constitue une amélioration par rapport aux données antérieures. Chez les patients indemnes de la mutation, une chimiothérapie classique, avec un taux de réponse de 30 %, offre généralement, en moyenne, 5 mois de survie sans progression et 12 mois de survie. Pour les auteurs, ce travail montre la faisabilité de ce dépistage génétique et donc de la personnalisation du traitement. Il concernerait au premier plan les femmes, les non-fumeurs et les porteurs d’une tumeur non squameuse.
New England Journal of Medicine, 361 ; 10, pp.947-957 et 958-967.
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