LE LANCET a ouvert un intéressant dossier : « Cancers et grossesse », cordonné par le Pr Philippe Morice de l’Institut Gustave-Roussy (Villejuif). Ce spécialiste a d’ailleurs, avec son équipe, rédigé un des trois articles de ce dossier et co-signé l’éditorial. « L’un de faits marquants de ce dossier, explique un communiqué de l’IGR, est la finalisation des recommandations concernant le traitement des cancers du col utérin, de l’ovaire et du sein, qui tend de plus en plus vers une préservation de la grossesse, quand cette stratégie n’impacte pas le pronostic des patientes en ce qui concerne leur cancer. Il y a moins de vingt ans, l’attitude la plus souvent proposée dans cette situation était d’interrompre la grossesse pour pouvoir ensuite traiter le cancer, considérant que l’administration de chimiothérapie était contre-indiquée pendant la grossesse. »
« Les décisions concernant le meilleur traitement du cancer chez une femme enceinte sont souvent difficiles car elles relèvent parfois d’un conflit entre le bien-être de la mère en lui offrant les mêmes chances de guérison qu’elle aurait si elle n’était pas enceinte et celui du fœtus, en préservant la grossesse », explique le Pr Morice.
Un réseau en France.
En France, il existe un réseau « Cancer associé à la grossesse » (CALG) avec trois centres coordonnateurs, à savoir l’IGR, Tenon et Cochin. Ce réseau permet au niveau national de partager les informations sur les cancers associés à la grossesse, d’avoir une idée précise de l’épidémiologie, de proposer des comités multidisciplinaires pour conseiller au mieux les praticiens et, enfin, réaliser des travaux de recherche cliniques ou fondamentaux. La France a été, en 2007, le premier pays au monde à publier des référentiels de bonnes pratiques concernant la prise en charge des cancers du col utérin, de l’ovaire et du sein pendant la grossesse.
Dans un des articles du « Lancet », l’équipe de l’IGR aborde les cancers du col et de l’ovaire.
Cancer du col. La décision thérapeutique dépend principalement de quatre critères : l’évolution locale (taille et stade), l’atteinte ganglionnaire, le terme et le sous-type histologique. Chez les femmes ayant une tumeur de petite taille et sans atteinte ganglionnaire, le report du traitement (jusqu’à la maturité du fœtus) après l’accouchement peut être envisagé, avec un suivi clinique et radiologique rigoureux et régulier. Dans les stades II ou plus, le traitement est plus controversé et doit être discuté au cas par cas. Les options sont soit une chimiothérapie néoadjuvante avec préservation de la grossesse soit la radio-chirurgie concomitante qui nécessite l’arrêt de la grossesse.
Cancer de l’ovaire. Pour les cancers avec atteinte du péritoine ou les stades précoces de haut risque, la chimiothérapie néoadjuvante avec préservation de la grossesse est une alternative thérapeutique à discuter au cas par cas.
On sait que la chimiothérapie ne peut pas être utilisée avant la 8e semaine de grossesse car elle entraîne des dégâts sur le fœtus ; les données suggèrent toutefois qu’elle pourrait être utilisée durant le 2e ou le 3e trimestre de la grossesse sans provoquer d’anomalies congénitales.
Globalement, ces grossesses comportent un risque de naissance prématurée, naturelle ou induite, associée à un faible poids de naissance. « Les données sur les effets de l’exposition des fœtus ou des nouveau-nés à la chimiothérapie sont rares. Des grandes séries sont attendues, notamment pour évaluer les effets à long terme de ces traitements », conclut le Pr Morice.
The Lancet du 10 février 2012.
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